3 Décembre 2024
Sans eux, nous n’existerions pas…
Sans nous, ils ne seraient rien…
Alors forcément, ça créé des liens !
Nous nous sommes les spectatrices. Lui, c’est l’actrice.
Un premier point d’importance : Jérôme Rouger, qui nous propose cette petite sociologie des spectatrices, rend hommage à sa grand-mère Denise, femme de tête, qui trouvait injuste que le masculin l’emporte sur le féminin. C’est donc pour cette raison que le féminin règnera en maîtresse dans ce spectacle, et donc dans ce papier.
Durant un peu plus d’une heure, nous autres spectatrices allons donc assister à une passionnante conférence quasi anthropologique consacrée à un sujet d’importance : le public, sa vie, son œuvre.
Car sans ce public, que seraient les spectacles, les concerts, les comédies musicales, je vous le demande un peu ? C'est donc pour cette raison qu'il nous faut apprendre à être un bon public !
Jérôme Rouger se pose en conférencier avec ce spectacle drôle, intelligent et terriblement malin.
Ici, il est question de se moquer gentiment des spectatrices, et de nous renvoyer un miroir à la fois impitoyable et sympathique.
Bon. Celles (les spectatrices, je vous le rappelle..) qui s’attendent à un spectacle aux moyens démesurés et aux effets techniques survitaminés, aux écrans vidéo gigantesques, aux projecteurs asservis aux multiples gobos, au play-back live corrigé autotune et mélodyne, celles-là en seront pour leurs frais.
Un siège de bar. Un paper-board. Une table avec quelques accessoires. Ce sera tout, et ce sera bien suffisant.
D’une voix docte, digne d’un jeune maître-assistant de la Sorbonne, dans une écriture jubilatoire, au champ lexical sociologique, Jérôme Rouger va nous dresser un portrait de nous autres, qui assistons aux spectacles, qui nous amusons ou nous ennuyons, avec les conséquences qui en découlent sur les actrices ou les comédiennes.
En effet, plusieurs types de spectateurs existent. La comédienne Jérôme les passe en revue, qu’ils soient au premier rang, ou dans les gradins supérieurs.
Tous les spectateurs ne réagissant pas, ne riant pas de la même façon, elle en dresse une typologie tout à fait réjouissante.
Des formules épatantes émaillent le texte, comme cette définition de l’ennui au théâtre, ou de l’avantage d’avoir un spectateur qui décède durant une représentation.
Que les choses soient claires : nous sommes indispensables au spectacle : nous assistons à une pièce, nous voici donc proclamés assistants émorionnels, rien que ça !
La comédienne Jérôme Rouger est très souvent hilarante, avec ses ruptures, ses chutes de voix, ses brusques envolées.
Il incarne ce type passionné par son sujet avec une conviction totale. Seul sur scène, il emplit le plateau avec beaucoup de charisme.
Au fond, il nous aime bien, ce petit sociologue, malgré le fait, évidemment, que parmi nous, doivent se trouver des spectateurs très lourds. (Il nous expliquera pourquoi l’emploi assumé du masculin dans ce cas de figure.)
A ses côtés, conférence oblige, un paper-board, qui jouera un rôle sinon prépondérant, du moins très drôle lui aussi.
En effet, certaines feuilles contiennent des croquis et des schémas on ne peut plus importants et signifiants (en tout cas dans l’esprit du conférencier), et d’autres…. Je vous laisse découvrir, c’est très drôle…
Les amatrices de musique seront gâtées car, en rentrant chez elles, elle pourront reproduire aisément la bande-son incroyable du spectacle jouée en direct, s’il vous plaît ! (John Williams, Jerry Goldmsith et Hans Zimmer peuvent aller se rhabiller et changer de métier!)
La conférencière Jérôme Rouger connaît évidemment son sujet : une actrice comme elle ne peut qu’être fondée à nous détailler et nous analyser.
Pour autant, en tant que comédienne, elle nous confiera un terrible drame personnel, concernant le rapport de ses enfants au théâtre.
Dans de courts apartés à jardin, il/elle prend une petite voix, comme au confessionnal, et se livre à nous.
Ce sont elles aussi des séquences très drôles qui nous font beaucoup rire.
Au final, ce spectacle très pertinent, avec un vrai fond et une vraie analyse sociologique, est traité avec beaucoup d’humour et de drôlerie.
Nous rions énormément, grâce à l’engagement total du comédien (je reprends le masculin), à sa force comique, son humour à froid, parfois un peu noir, et à sa composition de ce personnage totalement enthousiaste, persuadé de l’utilité de son cours, et tout entier au service de sa démonstration.
Quant aux amatrices de Michel Delpech et Lola Florès, celles-là se régalent.
Même que plus, ça ferait trop !
Conseils aux spectateurs - Théâtre de Belleville
Au théâtre, le public a peu conscience de son influence sur la qualité d'une représentation. On a rarement entendu des spectateurs dire à la fin d'un spectacle : " Nous n'avons pas été bons....
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