13 Septembre 2024
A partir du 22 septembre prochain, reprise à La Scala d'un spectacle incontournable, dans lequel Christine Murillo nous donne une magistrale leçon de comédie.
En interprétant l'ineffable Pauline Carton, en faisant revivre pour nous la comédienne, elle nous fait également revivre toute une époque par le prisme du cinéma et du théâtre.
C'est brillant et c'est hilarant.
Voici ce que j'écrivais en octobre 2023.
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Bienvenue au théâtre de la Pauline !
Et Pauline, c’est Christine !
Christine Murillo, en incarnant Pauline Carton, nous donne une magistrale leçon de comédie.
C’est bien simple, tous les apprentis-comédiens devraient venir voir jouer à la Scala Mademoiselle Murillo !
Sur le plateau de la Piccola Scala, une petite table de camping et une servante allumée nous attendent.
Elle arrive à Jardin, en robe noire assortie d’un grand foulard, sandale de plages Méduse® transparentes et chaussettes aux pieds.
Immédiatement, elle nous cueille d’un seul regard. Mais quel regard !
Un regard qui nous dit l’envie de jouer, de dire, de faire revivre non seulement la comédienne et la femme Pauline Carton, mais également toute une époque par le prisme du cinéma et du théâtre.
Car, soyons honnêtes, pour la majorité du public, Pauline Carton est seulement l’inoubliable interprète de la cocasse et mythique chanson « Sous les palétuviers ».
Mademoiselle Carton c’est beaucoup plus que cela et c’est ce que va nous démontrer de la plus brillante et passionnante des façons la comédienne.
Pour se faire elle a adapté en compagnie de Virginie Berling et du metteur en scène Charles Tordjman les mémoires intitulées « Les théâtres de Carton » ainsi que quelques éléments de sa correspondance.
Christine Murillo va se faire la tête de la grande Pauline grâce à deux pinces à cheveux.
Sur la table de camping, elle pose un petit… carton.
De cette boîte, sortiront différents accessoires utiles à la dramaturgie. (Je vous laisse évidemment découvrir).
Immédiatement, le ton est donné : l’impressionnante vis comica, l’incroyable force comique et le talent de diseuse de la comédienne vont nous subjuguer.
Elle prend à bras le corps les mots, les formules très drôles du personnage, les piques et les vacheries contenues dans ce livre pour en tirer un phénoménal feu d’artifices.
D’immenses moments de comédie nous attendent.
Je défie quiconque de garder son sérieux devant Mademoiselle Murillo incarnant un comédien zozotant et interprétant la bataille de Russie de Victor Hugo.
Ai-je jamais autant ri ?
Ce que la comédienne nous donne est hilarant et brillant.
De plus , durant cette heure elle va déployer tout un savoir-faire impressionnant : ses ruptures, ses suspensions, ses faux trous de mémoire, ses mimiques, sa gestuelle, ses silences, tout ceci est purement et simplement magnifique.
De plus, une autre corde à son arc nous est dévoilée. En la faisant imiter Elvire Popesco, Michel Simon à la voix rocailleuse au possible, Jean Marais (« Beeeeelle…. »), Sacha Guitry , Bourvil ("à véloooo...") ou encore Julien Clerc, Charles Tordjman parvient à faire ressurgir toutes ces personnalités grâce à sa comédienne.
Là encore, hilarité générale dans la salle.
Au fil du spectacle, un autre thème est abordé.
En effet, Pauline Carton a beaucoup écrit sur le théâtre et les comédiens.
C’est ainsi que nous allons découvrir sa conception du métier et des rapports qui se créent entre acteurs et spectateurs.
Curieusement, ces propos qui datent de pratiquement un siècle résonnent furieusement à nos contemporaines oreilles.
Les constats et les diagnostics qu’elle pose sont à la fois espiègles et tendres.
Alors que nous ne nous y attendons pas, Christine Murillo nous émeut beaucoup, notamment lorsque son personnage apprend le décès de son premier amour, ou encore celui de Sacha Guitry avec qui elle entretenait une relation professionnelle privilégiée puis amicale. Dans la salle, nous n’en menons alors pas large.
Autre grand moment de comédie, la lecture de la préface du livre sus-nommé par le même Guitry. La comédienne tire de ce texte une autre désopilante séquence.
À souligner également, une scène admirable, l’interview dans un parc par Danièle Gilbert d’une Pauline Carton octogénaire. Là encore, impossible de retenir des larmes de rire notamment lors de l’évocation d’une autre admirable chanson consacrée aux vertus d’une activité trop passée sous silence… Et non, vous n’en saurez pas plus.
Il me reste à vous préciser que la comédienne se transforme également en chanteuse durant le spectacle pour interpréter quelques scies de l’entre deux-guerres.
Les belles lumières de Christian Pinaud l’accompagnent alors dans ces moments forts.
Un tonnerre d’applaudissements nourris, d’innombrables et sonores « bravo ! », une salle qui se lève attendent la comédienne aux saluts.
Il vous faut coûte que coûte assister à ce spectacle qui, je peux vous le certifier, fait d’ores et déjà partie des immanquables de la saison 23-24.
L’un de ceux qui vous reste longtemps en mémoire.
Pauline & Carton - La Scala Paris
Comédienne aux quatre Molières, Prix du Brigadier 2023 pour Pauline & Carton, Christine Murillo incarne Pauline Carton, actrice fantaisiste et mythique. Bien sûr, il s'agit ici de la mythique ...