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[Reprise] Le domino noir

© Photo Y.P. -

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© Opéra Comique

© Opéra Comique

Reprise à l'Opéra Comique d'une merveilleuse réussite de la saison 2017-2018.
Courez toutes affaires cessantes à la reprise de ce Domino noir, mis en scène par Valérie Lesort et Christian Hecq, Sociétaire de la Comédie Française.
Voici ce que j'écrivais en mars 2018.
Je n'en change pas une virgule, à part le fait qu'en septembre prochain, c'est le patron de la Salle Favart, Louis Langrée, qui sera à la baguette.
Un spectacle IN-CON-TOUR-NA-BLE !

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Merveilleux ! Féérique ! Grandiose !
Ce que j'ai vu hier soir à l'Opéra Comique relève pleinement de ces épithètes enthousiastes !


Mais quelle excellente idée d'avoir voulu remettre à l'honneur cet opéra-comique quasi oublié de Daniel-François-Esprit Auber, une œuvre qui paradoxalement, en terme d'oeuvre la plus jouée à la Salle Favart, arrive en neuvième place.


Et puis surtout, quelle idée de génie d'avoir confié la mise en scène au couple Lesort-Hecq !


On les connaît bien, Christian Hecq (Sociétaire de la Comédie Française) et Valérie Lesort-Hecq.
Ces deux-là nous avaient enchantés voici deux saisons de cela en adaptant Vingt mille lieues sous les mers au Vieux-Colombier.


Ils ont appliqué ici leurs mêmes infaillibles recettes : un humour irrésistible et caustique, un mélange comédiens-chanteurs / marionnettes, un rythme époustouflant, une puissance visuelle hors du commun, un incroyable souci du détail, une efficacité totale, des références permanentes à d'autres disciplines artistiques (cinéma, mime, grands shows télévisés, etc, etc...) et puis surtout un goût très sûr !
Avec les Hecq, ce que l'on voit relève d'une grande finesse et d'une réelle délicatesse. Rien n'est lourd, rien n'a besoin d'être appuyé, tout est spirituel, enlevé, léger et en même temps d'une grande force dramaturgique.


Impossible d'oublier par exemple ces costumes zoomorphiques, ces trouvailles visuelles en matière de mime, ou de manipulation : la "scène du cochon" est l'une des plus inventives que j'aie pu voir depuis longtemps. Cette scène-là est à mourir de rire et force l'admiration.


Alors bien entendu, il s'agit ici d'une œuvre musicale.
Le couple de metteurs en scène a décidé de faire de cette production une sorte de vaudeville à la fois feydolien et lyrique.
Oui, Feydeau n'est pas loin. La mécanique d'horlogerie infernale est bien là (les amateurs d'horloge se régalent, au premier acte...), les portes claquent, les personnages extravagants sont mis en avant.

Il faut dire que les rebondissements parfois surréalistes du livret se prêtent particulièrement à ce parti-pris.
Cette Angèle de Olivares qui va s'amouracher du jeune Horace de Massarena lors du grand bal masqué de Noël donné par la reine d'Espagne, alors qu'elle ne va pas tarder à rentrer dans les ordres, tout ceci relève assez de situations croquignolesques, avec les péripéties qui vont avec.

Patrick Davin, le jeune et brillant chef conduit une véritable rolls : l'orchestre philarmonique de Radio France.
Vive le service public ! (Comprenne qui veut, comprenne qui peut !)
M. Davin rira très souvent en regardant ce qui se passe sur scène. C'est un signe qui ne trompe pas, lorsque le chef est subjugué par ce qu'il voit !

Je n'aurai garde d'oublier les remarquables jeunes solistes qui ont enthousiasmé toute la salle, avec notamment l'enchanteresse soprano Anne-Catherine Gillet, et la mezzo Antoinette Dennefeld, qui campe une Brigitte de bien belle manière. La voix, la hauteur, la puissance sont remarquables.

Le Horace de Cyrille Dubois est également exemplaire. Le tout jeune ténor lui aussi a ravi les mélomanes. Il est plein d'allant, de fougue, et joue également la comédie de bien belle façon.

J'ai beaucoup apprécié également le baryton-basse Lurent Kubla dans le rôle de Gil Perez. Une vraie présence scénique, une vraie vis comica se dégageait de sa prestation. Je me demande si Christian Hecq ne s'est pas projeté un peu en lui... Je lui demanderai de vive voix dans très peu de temps...

Sylvia Bergé, elle aussi Sociétaire du Français, est une hilarante Ursule, qui ambitionne à tout prix de devenir la mère supérieure du couvent. (J'ose un affreux calembour : elle veut devenir calice à la place du calice ?)

J'insiste vraiment sur le fait que tous ces chanteurs lyriques sont également des acteurs accomplis, qui ne font pas que chanter là où on leur dit de chanter. Ce sont véritablement des comédiens !

Il me faut également mentionner les somptueux et tellement inventifs costumes de Vanessa Sannino. C'est vraiment de la belle ouvrage. Le tout premier costume à apparaître devant le rideau rouge est tout simplement extraordinaire de simplicité et de force suggestive. Du grand art.

J'ai donc passé l'une de ces soirées qui filent trop vite.
L'une de ces soirées qui vous marquent, vous qui voyez quand même quelque cinq-six spectacles par semaine.
L'une de ces soirées inoubliables, parce qu'à tous les niveaux règnent en maîtres absolus l'art, le talent et la réussite.
L'une de ces soirées au sortir desquelles vous vous sentez vraiment heureux, et n'avez qu'une seule envie : tenter de faire partager de toute urgence et du mieux que vous pouvez ces instants de bonheur !

A-t-on bien compris combien j'avais adoré ce spectacle ?
Merci à tous ! Merci pour tout, Melle Lesort et M. Hecq !

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