Le bestiaire végétal

Il fallait osier !

L’osier, cette plante qui va servir grandement dans ce sublime spectacle donné au Festival au Bonheur des Mômes par la compagnie espagnole Colectivo Terron.

Un spectacle d’une stupéfiante beauté qui va faire écarquiller les yeux des petits et grands spectateurs durant presque une heure.

Fascinant !

Ou comment s’approprier la matière végétale pour en tirer une dramaturgie et des moments chorégraphiés d’une élégance et d’une inventivité rares.

Feuilles mortes, tiges et épis de céréales, bâtons et osier donc, tous ces éléments naturels vont servir aux comédiens à mettre en œuvre de véritables ballets à la fois végétaux et humains.

Comme si, ces deux mondes se réconciliaient, en cohabitant de la plus pacifique et artistique manière.

Utilisation détournée de ces éléments, transformation en animaux plus ou moins fantastiques, appropriation de paniers tressés, tout ceci va nous procurer un sentiment de vie intense, une impression très organique. La matière végétale s’anime, retrouvant une deuxième vie.

Les trois artistes manipalateurs-danseurs jouent de ce monde végétal avec tour à tout malice, force, délicatesse ou drôlerie.

Jouer.

Le verbe qui relève pleinement de l’enfance.

« On dirait qu’on prendrait deux bâtons et qu’on aurait un arc ». Voilà bien là l’essence même de la capacité enfantine à transformer des objets pour en faire les bases d’un nouveau monde.

Ce spectacle nous démontre tout ceci.

Les petits spectateurs ne s’y trompent pas, qui eux aussi voudraient jouer avec ces végétaux. Quant aux grands, ils se souviennent de leur propre vécu et s’émerveillent de ce qu’ils voient.

Rire.

Nous rions souvent, notamment dans la scène du poulailler, ou celle de la pandiculation exacerbée. Je n’en dis pas plus.

Entendre.

Ce spectacle est également une vraie réussite en matière sonore. Sur le plateau, le bruissement des végétaux, les grands « wouffffffff » et les « tschhhhh » des bâtons ou des tiges d’osier mis en mouvements nous fascinent. Une vraie sensualité nous enveloppe alors.

Ecouter.

Marie-Caroline Conin interprète en direct une création musicale elle aussi fascinante.

Au violon ou au violoncelle, au looper, aux pédales d’effets, aux petites percussions elles aussi végétales ainsi qu’à la voix, la musicienne participe pleinement à l’ambiance onirique qui se dégage sur scène. Les transitions entre les différents tableaux sont d’une fluidité absolue et l’univers qu’elle parvient à elle seule à produire est à la fois riche et épuré.

Nous sortirons de la salle du Solaret purement et simplement envoûtés parce que nos yeux et nos oreilles ont reçu en ayant l’envie, nous aussi, d’entamer cette démarche à la fois ludique et artistique, et de nous rapprocher du végétal.

Un spectacle inoubliable !