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L'idole des toutes petites houles

© Photo M.V.R. -

© Photo M.V.R. -

Phare du Grand-Bornand en vue, Capitaine !

 

Ciré jaune, marinière, caquette et bonnet. En plein coeur des Alpes, le dépaysement est garanti.

Avant même d’entrer dans la salle du Prince, les spectateurs du festival Au bonheur des Mômes comprennent que, le temps d’une demi-heure, ils déconnecteront totalement des montagnes et alpages environnants.
 

© Photo Marion VINCENT-ROYOL

Les deux comédiens-musiciens de La toute petite Compagnie accueillent et installent grands et petits (voire tous petits puisque le programme précise que le spectacle convient aux enfants de 0 à 3 ans), et les préparent tout en douceur au voyage que nous effectuerons en leur compagnie.
 

© Photo Marion VINCENT-ROYOL

 

Oui, voyage est bel et bien le mot.

Après une brève présentation et quelques consignes pratiques, le Pen Duick, légendaire voilier du navigateur Eric Tabarly, surnommé l’idole des petites houles, le Pen Duick peut larguer les amarres.

 

L’embarcation est des plus judicieuses. Une coque fourmillant d’instruments de musique et que nous découvrirons amovible, posée sur un plateau tournant de sorte que, à bâbord comme à tribord, nous ne perdions pas une miette des scènes qui s’y déroulent. Ce Pen Duick (en breton, mésange à tête noire) donne bel et bien envie de partir à l’aventure.

© Photo Marion VINCENT-ROYOL

« De Benodet à St Malo… ». Si la liste des villes citées dans la chanson d’ouverture commence par énumérer des ports français, elle invite ensuite à parcourir les mers bien plus loin et met en appétit nos rêves secrets d’explorateurs.

 

Le capitaine et son matelot, incarnés respectivement par Greg Truchet et Fred Gardette, sauront, par leurs talents musicaux, nous emmener dans toutes ces contrées, tant bretonnes que plus lointaines. Les chansons qu’ils ont imaginées et composées sont subtilement teintées de couleurs qui immédiatement évoquent tel ou tel endroit du globe. Je donnerai pour exemple notamment ce moment musical où nous sommes propulsés au Brésil.

 

Pour obtenir cette palette sonore si riche et variée, le bateau est généreusement doté en instruments (saxophone, cajon, ukulele, guitare, bouzouki, harmonium indien, whistle irlandaise, flexatone… la liste est longue). Les deux artistes savent en effet en jouer pléthore et savent également faire sonner toutes sortes d’accessoires, d’appeaux et d’objets, donnant l’impression que tout coule et va de soi. La maîtrise est en vérité très aiguisée, impressionnante et les ambiances qui en découlent happent toute l’attention de tout le public.

 

Un public avec lequel les deux marins sauront aussi créer, d’emblée, une grande complicité, nous invitant à des petites participations qui fonctionnent et favorisent, elles aussi, la captation de l’attention collective. Mouettes, crabes, vent et même bise (et en rythme, s’il vous plaît) : nous répondrons avec joie à toutes ces invitations. N’est-ce pas, Gérard Petipas ?

 

La plongée dans l’univers de la mer sera aussi réussie grâce à tout un vocabulaire sur lequel surferont les deux personnages et dont ils joueront avec beaucoup d’humour. Je vous laisse par exemple découvrir par vous-même ce que, dans leur bouche, peut devenir la proue du bateau. Nous rirons beaucoup.

 

Toutes les séquences s’enchaînent avec une fluidité impressionnante. Pourtant seuls maîtres à bord d’un point de vue technique, Greg Truchet et Fred Gardette parviennent à gérer lumières, lancements sonores et pédales d’effets avec autant de maîtrise que lorsqu’ils jouent d’un instrument.

L’installation lumières, pourtant très minimaliste, parvient à créer des tableaux bien différents les uns des autres.

À de nombreux moments, une vraie poésie se dégage. Ou comment capturer les étoiles de façon littéralement magique.

Le temps d’une petite bulle délicate, petit cocon doux dans lequel on resterait bien quelques instants encore, bercés par la jolie ritournelle que tout le monde entonne avec bonheur en guise de conclusion, cette création hisse si haut les voiles qu’on les tutoie de près, les étoiles.

Et, parmi elles, celle du regretté Eric Tabarly.

© Photo Marion VINCENT-ROYOL

On dit souvent que le très jeune public est le plus difficile à convaincre. Ce beau spectacle très réussi relève ce pari haut la main.

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