5 Septembre 2023
Reprise à l'Essaïon de la décoiffante et passionnante version par Philippe Nicaud du chef-d'œuvre du grand William.
A ne manquer sous aucun prétexte.
Voici ce que j'écrivais en mai dernier.
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Once upon a time in Scotland….
Ou lorsque les bons contes font les excellents amis…
Peut-on durant une heure et dix minutes, lorsqu’on est seul en scène devant un mur en pierres, sans régisseur son, avec seulement quelques foulards et quelques accessoires, proposer une remarquable version (oui j’ai pesé cet épithète) du chef d’œuvre du regretté William Shakespare ?
A cette question d’apparence saugrenue, Philippe Nicaud nous apporte une lumineuse réponse : oui, définitivement oui !
Il était une fois, donc…
Ces quatre mots merveilleux qui depuis une lurette que d’aucuns trouvent belle, ces quatre mots qui permettent aux contes de débuter.
Les contes pour petits, mais également pour les grands.
C’est en effet un conte que va nous narrer Philippe Nicaud.
L’une de ces terribles histoires, qui vous procurent des émotions en tous genres, des frissons dans tous le corps et vous glacent de terreur.
Cette histoire, c’est celle de Macbeth, l’histoire d’une ambition malsaine et d’une descente aux enfers.
Pour la raconter, cette histoire-là, mieux vaut être un sacré diseur.
C’est le cas, au delà de toute espérance.
Le comédien possède cet art que quant à moi je considère majeur, qui consiste à captiver un auditoire en racontant.
Dès ses premiers mots, il nous sera impossible de le lâcher, de nous détourner de ce qu’il va nous dire.
Il nous capture pour ne plus nous délivrer qu’au bout de ces soixante-dix minutes.
Nous voici donc sur le champ de bataille.
En quelques mots, le comédien plante le décor.
Nous sommes au milieu de la lande, dans un brouillard froid. L’armée norvégienne est vaincue.
Nous sentons l’odeur du sang, celle des corps étendus à perte de vue, nous écoutons les râles des mourants, nous entendons les chevaux blessés hennir…
Nous rencontrons Macbeth. La tragédie peut s’enclencher.
Il nous attendait, Philippe Nicaud, de pied et de guitare fermes.
Appuyé sur le mur du lointain, il nous accueille avec une mélopée sourde, annonciatrice de bien des drames.
En effet, le comédien ne fera pas que jouer la comédie. Le chant et la musique prendront une part prépondérante dans le spectacle.
Des morceaux rock sombres de sa composition, de l’électro au rythme et à la pulsation infernales, sans oublier des poèmes slammés.
L’articulation des différents modes de narration est particulièrement subtile et réussie.
Le comédien ne fait pas que raconter, non plus, tel un chœur tragique.
Il interprétera également tous les personnages.
Masculins comme féminins. Réels comme surnaturel.
C’est ainsi que grâce à son t-shirt seulement, il incarnera de façon drôlissime et sidérante les fameuses et célèbres trois sorcières.
Ces trois compositions, sans aucun autre costume, « simplement » avec ce t-shirt, des mimiques, des grimaces et des gestuelles différentes, ces compositions sont remarquables.
J’ai pensé à certains personnages démoniaques que l’on peut apercevoir chez Jérôme Bosch.
Durant ce spectacle Philippe Nicaud ne va ménager ni sa peine ni son énergie.
Il vitupère, murmure, crie, parle à voix basse, il nous apostrophe, il nous prend à témoins, nous autres spectateurs, il nous invite à un banquet, nous donne un petit accessoire vestimentaire.
Dans ce décor idéal, sous les voûtes en pierre de l’Essaion, on ne peut qu’être admiratif devant sa propension à incarner avec une force et une justesse jamais prises en défaut toute cette galerie de personnages.
Avec M. Nicaud, les objets inanimés ont véritablement une âme.
Les tabourets deviennent des heaumes et des châteaux, une passoire ayant connu de meilleurs jours devient un casque médiéval.
Les écharpes deviennent des êtres humains.
Tout ceci est très malin, et fonctionne à la perfection !
Au final, ce spectacle fait partie de ceux qui vous interpellent de façon durable. La démarche de réduction de cette pièce à un seul comédien colle paradoxalement tout à fait à l’esprit et à la lettre shakespeariens.
Ne manquez surtout pas ce brillant et fascinant seul en scène.
Un Auteur. Une histoire. Un comédien.
C’est remarquable !
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Théâtre - Le poison de l'ambition est un crime avant l'heure d'être roi. Sur scène un homme-orchestre s'empare du récit avec force dans une mise en scène percutante.
https://www.essaion-theatre.com/spectacle/993_la-boite-a-melosique.html