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Kessel, la liberté à tout prix

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Kessel.
Ou qui a vu témoignera.
Ou qui a vécu écrira,
Ou… qui a bu boira...

Joseph Kessel, témoin privilégié du XXème siècle, celui qui en tant que journaliste et grand reporter pour France Soir a raconté, a témoigné.
Kessel, celui qui a combattu, aussi, lors de la première guerre mondiale, puis celui qui a rejoint le général de Gaulle, à Londres, celui qui a écrit les paroles du Chant des Partisans.
Kessel l’écrivain, auteur de quelque quatre-vingts romans dont nombre de chef d’œuvres de la littérature française.

Kessel.
Celui à qui Mathieu Rannou auteur-metteur en scène que l'on connaît bien ici, et Franck Desmedt qui incarne l'écrivain ont choisi de lui consacrer une heure et dix minutes d’un admirable et magistral spectacle.
L’un de ceux auxquels nous a habitués le patron du théâtre de la Huchette, lui qui campa dernièrement Louis-Ferdinand Celine dans une inoubliable version du Voyage au bout de la nuit, ou encore Romain Gary dans une remarquable adaptation de la Promesse de l’aube.

Franck Desmedt qui ose prendre à bras le corps le destin et l’œuvre d’écrivains hors normes, hors tout !

Avant toute chose, il me faut mentionner le texte épatant de Mathieu Rannou.
Pas évident de donner dans la dimension épique, romanesque et rocambolesque, qui caractérise la vie de l’écrivain.
Pourtant, l’auteur nous propose un texte très fort, tout à fait pertinent, intéressant au possible (j’espère d’ailleurs qu’il sera édité), avec de magnifiques formules humoristiques et littéraires.
Avec également un sens du rythme, dans lequel se dégage une force, une vitalité de tous les instants.
Un texte que va s’approprier avec le talent que l’on sait Franck Desmedt.

Une nouvelle fois, encore et toujours, le comédien m’a subjugué, à endosser le costume de son personnage !
Je défie quiconque, comme je n’ai jamais défié personne de se détourner de ce qu’il va nous raconter.

Cet homme est en effet un raconteur hors pair, un diseur, un parleur au sens noble du terme, un artiste qui sait comme personne vous attirer à lui dès son premier mot, pour ne plus vous lâcher qu’au dernier.
Entre ces deux mots, il est impossible de s’échapper de son récit et de la force de son jeu dramatique.

Mouillant sa chemise au propre comme au figuré, il ne va ménager ni sa peine ni son énergie.
Avec une puissance de tous les instants, une interprétation ô combien pertinente de ce personnage charismatique, avec un sens admirable du texte et de son rythme, il s’approprie en les savourant jusqu’au moindre article les mots de l’auteur.
Un véritable feu d'artifice !

Comme à chaque fois, c’est un véritable bonheur de tous les instants que de le voir jubiler avec ces mots, et ce faisant, nous procurant un indicible plaisir.
Nous serons purement et simplement sur les lieux sur lesquels s’est rendu Kessel, nous assisterons en direct à l’enterrement d’un capitaine pilote d’avion, nous rencontrerons Henri de Monfreid trafiquant des armes, nous assisterons à ce pèlerinage des habitants de Cork devant une prison où sont enfermés onze jeunes irlandaise, j’en passe et non des moindres.

On le savait, bien évidemment, mais la puissance d’évocation de Franck Desmedt est phénoménale. Nous sommes littéralement plongés dans ce qu’il nous dit et nous montre.

Ses imitations de De Gaulle, de Pierre Lazareff ou encore d’un comédien amateur de football en général et du PSG  en particulier, ses imitations sont irrésistibles !

Le comédien nous émouvra également beaucoup, grâce à son immense palette de jeu. Parfois, nous autres spectateurs n’en menons pas large.
Les scènes d'ivresse sont elles aussi très impressionnantes !

Mathieu Rannou s’est évidemment appuyé sur la force de jeu et l’énergie du comédien, tout en mettant en place une belle et pertinente scénographie et les jolies lumières de Laurent Béal.
Un grand rideau qui aura d’autres fonctions (je vous laisse découvrir) occupe une position centrale, permettant également des contres et des transparences très réussis.

A jardin, un fauteuil, à cour un porte-manteau, avec les différents costumes de Virginie Houdinière, très réussis eux aussi. (Oui, je viens d’écrire un nouveau pléonasme…)
L’un d’eux évoquera de façon on ne peut plus éloquente l’un des personnages évoqués par le comédien.

Aux saluts, les « Bravo ! » enthousiastes fusent spontanément, et ce n’est que justice.

Ce spectacle est d’ores et déjà un incontournable de ce début de saison.
Qu’on se le dise !

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