21 Décembre 2022
Feedback pour l’Arsène !
Dès notre installation dans la salle rouge du Lucernaire, nous voici dans l’univers du plus célèbre des gentlemen-cambrioleur.
Si ce que nous voyons sur le plateau ne nous donne que peu d’indices (un grand drap blanc obture complètement toute la cage de scène), en revanche, ce que diffusent les enceintes acoustiques nous en dit beaucoup.
Il s’agit en effet du générique de la cultissime série éponyme réalisée dès 1971 par Jean-Pierre Decourt, un générique composé par Jean-Pierre Bourtayre.
Le scénariste en était Claude Brulé, qui avait notamment écrit le scénario de Paris brûle-t-il ? de René Clément ou celui du fim Les Liaisons dangereuses de Roger Vadim.
On se souvient évidemment que Lupin était alors interprété par l’illustre et charismatique Sociétaire de la Comédie Française Georges Descrières.
Delphine Piard a eu l’idée d’adapter pour cinq comédiens la pièce co-écrite par Maurice Leblanc lui-même (l’auteur des dix-sept romans et trente-neuf nouvelles à la gloire du héros) et Francis de Croisset, une pièce représentée pour la première fois en 1908 au théâtre de l’Athénée.
Cette pièce, dès sa sortie, eut un succès considérable, dans la continuité de l’engouement des œuvres littéraires. Elle fut représentée plus de mille fois !
Il est à noter que c’est le comédien principal, André Brûlé, qui le premier eut l’idée de doter son personnage des emblématiques haut de forme, frac, cape et canne au pommeau de cristal.
Maurice Leblanc n’a jamais évoqué lui-même ce costume dans toute son œuvre.
Les lupinophiles de plus en plus nombreux, notamment grâce très récemment à une autre série, contemporaine celle-là puisqu’Omar Sy incarne un adepte du propriétaire de l’aiguille creuse, les lupinophiles vont donc retrouver leurs personnages préférés.
L’Arsène, certes, mais aussi et peut-être surtout l’inspecteur Ganimard.
Et nous de comprendre à quoi va servir le drap blanc évoqué ci-dessus.
Ce tissus immaculé est en fait un écran destiné à recevoir les ombres des comédiens éclairés violemment en contre.
Nous allons assister à une formidable et magnifique scène d’exposition en ombres chinoises, dans laquelle toute la mythologie lupinesque, tout ce qui fait la substantifique moelle du personnage nous est exposé en noir et blanc.
Les comédiens sont alors formidables à présenter en silence et grâce à leur seul talent de mime les frasques et les gentils méfaits du personnage.
C’est brillant.
Puis, la pièce est reprise dans le texte original adapté par la metteure en scène, qui a choisi de privilégier une dimension burlesque de ce vaudeville policier.
Dans ce domaine, Pierre Khorsand en Ganimard et Florent Chesné en Monsieur Charolais s’en donnent à cœur joie.
Les enfants présents dans la salle hurlent de rire.
Autre élément très cartoonesque, une course poursuite infernale en voitures, si si, provoque également l’hilarité.
Il me faut mentionner le splendide décor de Juliette Azzopardi (oui, je sais, c’est un pléonasme...).
Dans un minimalisme très parlant, presque dans une esthétique de bande dessinée, nous voici dans un château rempli de chausse-trappes et de passages secrets, puis dans l’antre de notre héros.
Nous entendrons également quelques mesures d’autres tubes de la série originale, tous signés Bourtayre, chantés ou non par Jacques Dutronc.
Les frais de droits d’auteur et d’interprète doivent être assez élevés...
De très jolis moments chorégraphiés émaillent le spectacle. Je vous laisse découvrir.
Une autre grande réussite de cette entreprise, outre la première scène, c'est la dernière, dans laquelle sera présenté dans un brouillard à couper au couteau l'adversaire le plus célèbre du gentleman-cambrioleur, celui à la deer-hunter cap. C'est très malin.
On l’aura compris, les amateurs d’Arsène Lupin et les enfants dans la salle se régalent.
Ah le voyou, le voyou !