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Projet Faille - A Dijon, la Compagnie Jérôme Thomas investit l'hôpital de la Chartreuse

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Un chapiteau de bois, avec son toit de toile rouge vif.


Un chapiteau qui a déjà beaucoup voyagé. Cette structure a en effet stationné sur la grand’ place de Turin, sur le toit du londonien Barbican, à Lille également…
Les spectateurs taiwanais de Taipei ont eux aussi pu pénétrer dans ce lieu chargé de beaucoup d’émotions et de souvenirs.


Ce chapiteau, repaire artistique de la compagnie ARMO et de son patron Jérôme Thomas, est actuellement implanté au sein du Centre hospitalier la Chartreuse, à Dijon.


C’est en effet dans cet établissement public accueillant cinq secteurs de psychiatrie de l’adulte et un inter-secteur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, c’est dans ce lieu que les membres de cette compagnie ont planté les piquets et serré les sangles de la structure nomade.


Le directeur de cet Etablissement de santé autonome, François Martin, a proposé à Jérôme Thomas une résidence artistique à long terme.
Proposition acceptée avec un grand enthousiasme, on s’en doute.


Il me faut souligner ici la grande volonté et la ténacité de M. Martin : pour ce magnifique projet, sa structure hospitalière ne reçoit aucune subvention, que ce soit de l’État ou de la Région…


L’un des objectifs principaux sera à terme de proposer des ateliers de pratique circassienne à tous ceux qui fréquentent le CHC : les résidents, les patients, bien évidemment, mais aussi les soignants et les cadres administratifs.
On image aisément les plus et les bienfaits thérapeutiques, mais aussi humains, qu’apporteront ces ateliers « mixtes » offerts à tous les participants.
Ici, les différences seront gommées, tout le monde sera au même niveau, à débuter des activités artistiques bien spécifiques.

Quelques uns de ces patients et médecins étaient d’ailleurs réunis sous la toile rouge, afin d’assister à une répétition d’un spectacle proposé par une petite troupe de trois artistes qui se sont connus à l’occasion de leurs études au Centre National des Arts du Cirque.

Léa Leprêtre, Johannes Holm Veje et Mart.he nous proposent un passionnant extrait de leur spectacle, le projet Faille.
Ce faisant, ils vont nous démontrer leurs grands talents de trapézistes, d’acrobates, ou de musiciens. (Mademoiselle Leprêtre interprétera notamment une sublime pièce pour violoncelle de Gabriel Fauré !)

La faille, donc, ou ce qui fait qu’on note une cassure dans la normalité, une brisure dans ce qui est sensé être la norme, la faille qui provoque un déraillement des valeurs en vigueur ainsi qu’un sentiment délicieusement déstabilisant.

Dans ce spectacle qui durera une cinquantaine de minutes dans sa version finale, nous allons en rencontrer des failles, dont une épatante, générée par les deux garçons.

Leurs tailles respectives vont être le prétexte à ce décalage : ici, ce sera « le petit » Mart.he qui portera « le grand » Johannes, alors que d’habitude, ce serait plutôt le contraire.
C’est souvent le porteur qui est supposé être le plus « conséquent » d’un point de vue morphologique.
Le "surhomme" n'est alors plus celui que l'on croit.

Décalage également lorsque Léa Leprêtre semble être apeurée par le trapèze en mouvement, esquivant prestement et habilement cet agrée qui devient menaçant.


Les trois camarades parviennent à nous plonger en très peu de temps dans un monde onirique, un monde poétique dégageant beaucoup d’émotions.

Le corps humain devient le vecteur de sensations poétiques, parfois surréalistes, absurdes, mais toujours sidérantes au sens premier du terme.

Ces corps en mouvement, qui semblent alors défier les lois de la physique...

Et puis surtout, ce que nous procurent ces trois-là, c’est une invitation à retrouver le monde de l’enfance.

L’enfance, c’est ce monde où l’on peut faire ce que l’on veut. « On dirait qu’on ferait-ci !», « On dirait qu’on serait çà !».
Un monde où tout peut arriver, dès lors que l’on l’a bien voulu et imaginé.

Léa, Johannes et Mart.he nous y plongent dans ce monde-là. Eux, ils peuvent faire ce que nous aurions beaucoup de mal à réaliser, à tel point que nous n’y penserions même pas.

A l’issue de cette répétition, de ce petit extrait du spectacle, tous autant que nous sommes n’avions qu’une seule envie : assister à sa version finale.

Et puis les quelques invités, qui patients, qui soignants, étaient impatients quant à eux de débuter les ateliers de pratique.
Et moi de les jalouser !

Espérons, une fois cette vilaine pandémie et ses effets délétères disparus, que le spectacle puisse être montré à tout le public dijonnais.

Nous en reparlerons alors !

Jérôme Thomas - © Photo Y.P.

Jérôme Thomas - © Photo Y.P.

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