Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pinocchio

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Cyrano, Cléopâtre, Pinocchio, même combat !
Vous nous menez par le bout de votre nez !

Alexandre Tourneur a eu l'excellente l'idée d'adapter et de mettre en scène l'œuvre trop méconnue de Carlo Collodi.
Trop méconnue, parce que phagocytée par ce qu'en firent naguère les studios Walt Disney, à savoir un conte édulcoré, raccourci, amputé à la fois de personnages et d'épisodes essentiels.

Pinocchio, c'est beaucoup plus que ce dessin animé-là.
C'est ce qu'a bien compris M. Tourneur, qui va restituer de bien belle manière ce chef d'œuvre de la littérature pour enfants, sages ou pas.

Sa vision se rapproche d'ailleurs de la merveilleuse série télévisée réalisée en 1972 par Luigi Comencini.

Collodi, journaliste politique engagé, auteur de manuels scolaires, éditeur, a fait de ce conte une redoutable peinture de la société inégalitaire de la fin du XIXème siècle dans laquelle il vit.

Et puis, ce que va chercher Pinocchio, c'est avant tout une quête éperdue de la liberté.

C'est ce que nous allons ressentir durant cette heure qui va passer beaucoup trop vite.

 

Alexandre Tourneur a mêlé bien des techniques du spectacle vivant afin de nous raconter cette histoire.


C'est un petit mais très joli castelet qui attend petits et grands sur la scène du Lucernaire.
Un monsieur Loyal, narrateur en queue de pie, ne va pas tarder à nous faire face.

 

On pense évidemment au monde du cirque, d'autant que des éléments de magie viennent nous surprendre.

Ainsi qu'un beau nez rouge (je n'en dis pas plus, ce nez rouge figurant bien dans l'œuvre originale.)

Il incarnera plusieurs personnages en chair et en os, y compris une fée bleue des plus réussies, sorte de Salomé aux sept voiles turquoise.
Les changements de costumes se déroulent le plus souvent à vue, de façon très naturelle et très réussie...

Pinocchio sera incarné par une comédienne masquée, en l'occurrence Mathilde Puget hier après-midi.
Sa gestuelle mécanique, ses ruptures, ses double-takes, son zézaiement sont épatants !
La scène du nez, tellement attendue, finit évidemment par arriver !

Des marionnettes feront leur apparition, à plusieurs reprises.
Le grillon, conscience du héros, est à cet égard hilarant, en slammeur digne de... Là encore, je vous laisse découvrir...

Le chat, le renard seront eux aussi « marionnettisés ». Tout ceci est très intelligent, et le procédé fonctionne à la perfection.

Une remarquable séquence d'ombres chinoises participe elle aussi au merveilleux de l'entreprise.
Une très belle scène, très inspirée.

Le second degré est présent, dans cette entreprise, ce qui provoque bien des rires de la part des plus grands spectacteurs.
A ce sujet, dans le spectacle, une référence « lucasienne » d'un personnage tout noir à la terrible respiration mécanique et sonore rejoint la réalité : Collodi était un grand asthmatique.

Une autre formidable scène de comédie provoque bien des rires : oui, Pinocchio et son père se retrouvent devant nos yeux en pleine mer Adriatique, dans le ventre du requin.
Le procédé utilisé est formidable !

Toutes ces manières différentes de nous raconter l'histoire fascinent petits et grands qui restent bien souvent bouche bée devant ce qu'ils voient. Témoin ma jeune voisine (à un siège de distance, évidemment), qui écarquillait les yeux en permanence.

Les adresses des deux comédiens aux petits spectateurs fonctionnent complètement.
Tous participent, un peu à la manière du Guignol lyonnais, à aider, à encourager, à défendre les héros !

On ne répétera jamais assez combien un public d'enfants est un public difficile.
Les applaudissement nourris, enthousiastes, les commentaires souvent très judicieux en sortant du théâtre témoignent de la grande réussite de cette adaptation.

Collodi peut dormir sur ses deux oreilles. Son œuvre est entre de très, mais alors très bonnes mains !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article