5 Mars 2020
Eh non, en 1495, la pizza n'était pas inventée. Même à Florence !
Cruelle déception pour Léo, que sa sœur Lisa a traîné plus ou moins de force au Louvre, devant le portrait le plus célèbre de toute l'histoire de la peinture occidentale.
Un portrait qui s'est animé, à la grande stupéfaction des deux petits orphelins.
Oui, la Joconde en a marre de poser pour les selfies mondiaux des touristes !
Ras le bol d'être confinée dans ce cadre hyper sécurisé dans une salle du même acabit. Elle a besoin d'air, Mona Lisa !
Et surtout, elle brûle de faire découvrir aux deux enfants son créateur, l'illustrissime Léonard de Vinci.
Et pour ce faire, quoi de mieux qu'un petit voyage dans le temps, je vous le demande un peu !
Et nous, petits et grands, de nous retrouver dans l'atelier du génie.
On ne change pas une équipe qui gagne.
William Mesguich et sa petite troupe de comédiens-chanteurs-musiciens, qui nous avaient précédemment ravis, ici même, au théâtre Paris-Plaine dans une version très aboutie des Misérables, nous proposent cette fois-ci un nouveau et remarquable spectacle pour jeune public.
Une évocation épatante, à la fois dramaturgique et picturale, du grand Léonard.
Ici, dans ce voyage initiatique, écrit par Estelle Andréa, il va être question de transmission Et de résilience, aussi.
La rencontre avec il signore Da Vinci sera le prétexte à véhiculer auprès des têtes plus ou moins blondes de vraies valeurs humanistes, telles que la tolérance, l'acceptation de la différence (une séquence sur un quiproquo « gai » et « gay » est très drôle et très pertinente), ou encore le respect de l'Autre.
A son habitude, William Mesguich mène son monde avec une vraie acuité dramaturgique, avec pertinence et une belle énergie.
Les tableaux se succèdent avec un rythme soutenu. Ici, pas de temps morts !
Les chansons composées par Melle Andréa sont fort réussies et très entraînantes. Impossible pour moi de ne pas fredonner le refrain de la toute dernière, à la sortie du spectacle.
Les paroles intelligentes, spirituelles collent parfaitement au texte.
Une très belle scénographie dûe à Grégoire Lemoine, permet de recréer notamment l'atelier du peintre, avec les fameuses planches à la sanguine projetées sur trois écrans, dont deux amovibles.
Tout ceci est très beau et très réussi.
La scène de superposition de Léonard en chair et en os avec son Homme de Vitruve est particulièrement belle.
Et puis les quatre comédiens nous ravissent.
Par leur jeu, certes, mais également par leur talent de chanteurs. Et pour certains, de chanteurs et chanteuses lyriques.
C'est notamment le cas de Magali Palies, mezzo-soprano, par ailleurs directrice artistique de la compagnie Coïncidences Vocales.
Oui, Melle Palies incarne de façon jubilaroire cette Mona Lisa émancipée, qui n'hésite pas à danser du hip-hop ! Sa composition de « pilote d'essai » est également épatante. Je vous laisse découvrir sans en dire plus.
La comédienne est très drôle, mettant parfois en œuvre une gestuelle qui me fait penser à Valérie Lemercier.
Son interprétation de ce rôle pas si évident que cela est une belle réussite.
Tout comme celle de Julien Clément qui campe un De Vinci plus que convaincant.
Dans le rôle de ce grand humaniste, il déploie une vraie justesse, notamment dans la scène où est abordée de façon tout à fait adaptée son homosexualité.
Je n'aurai garde d'oublier son côté pédagogique qui fait découvrir notamment la technique du sfumato.
Léo est interprété par Oscar Clark, qui lui aussi fait beaucoup rire les jeunes spectateurs, avec ses expressions désabusées du début du spectacle.
Le comédien est également un guitariste émérite, accompagnant ainsi plusieurs des chansons.
Et puis l'auteur de la pièce, Estelle Andréa joue elle-même Lisa, la petite fille par qui tout arrive.
Le duo fonctionne très bien.
Tout comme les élèves de l'école Alain-Fournier présents dans la salle ce mercredi après-midi, tout comme Tifaine, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les aventures spatio-temporelles de Mona Lisa.
Encore un spectacle qu'il serait dommage de laisser aux seuls petits !
Sur les pas de Léonard De Vinci
L'enfance 1452 - 1468 Léonard naît en Italie le 15 avril 1452, près de Florence, dans la petite ville de Vinci. Son père Piero, est notaire, issu d'une riche famille de Toscane et sa mère Cata...
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