9 Septembre 2019
A partir de ce soir lundi 9 septembre 2019, Stanislas de la Tousche reprend au Poche-Montparnasse son incarnation de l'immense écrivain Louis Ferdinand Destouches, dit Louis Ferdinand Céline.
Une incarnation troublante de vérité...
Voici ce que j'écrivais en février dernier.
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Le singulier interprète le pluriel.
La Tousche joue Destouches.
Le comédien Stanislas de la Tousche incarne l'immense écrivain Louis Ferdinand Destouches, dit Louis Ferdinand Céline.
Il fait plus que l'incarner. Sous nos yeux, de la Tousche EST Céline.
1961. Le journaliste Louis Pauwels se rend à Meudon, là où Céline s'est retiré de retour d'exil à Copenhague, depuis qu'il a été amnistié grâce à son avocat Jean-Louis Tixier-Vignancourt. (Après un très court passage à Nice, il a acheté ce pavillon des Hauts-de-Seine).
Pauwels arrive avec une équipe de télévision pour une émission intitulée « En Français dans le texte ».
Il commence à poser des questions, et surtout à obtenir des réponses.
C'est en grande partie ce texte que Stanislas de la Tousche, mis en scène par Géraud Bénech va nous dire.
En reprenant pratiquement exactement les plans contenus dans le reportage.
Le spectacle commence par des aboiements.
Ce sont les chiens de Céline, que l'on va voir grâce à un extrait du documentaire.
On voit l'auteur de « Voyage au bout de la nuit » traverser son jardin, dans son iconique tenue.
Il rentre chez lui.
Et le comédien apparaît, derrière l'écran. Dans une sorte de raccord théâtro-cinématographique.
La tenue est la même, le pull, le fameux gilet, l'écharpe de soie. Il est pareillement voûté.
Mais il y a encore plus troublant.
La ressemblance du visage. Le comédien est le sosie presque parfait de Céline. C'est absolument évident.
Bien entendu, il va jouer de cette stupéfiante ressemblance.
Avec les mêmes intonations, le même débit, le même timbre, la même diction.
Nous pourrons aisément vérifier cette troublante incarnation en écoutant et en voyant d'autres extraits au cours du spectacle. Il ira même à un certain moment jusqu'à murmurer les phrases alors que son modèle les dit dans le reportage.
Les phrases... Les mots de Céline.
Pauwels était parvenu à obtenir une espèce de confession-retour en arrière de l'écrivain qui fut frappé d'indignité nationale en raison notamment de ses écrits et positions antisémites, de ses textes pro-nazis et son rôle d'agent actif des services de sécurité de l'occupant.
Stanislas de la Tousche a été fort marqué, à l'âge de 25 ans, par le visionnage de cette émission.
Ce reportage lui a laissé, je le cite « une trace inaltérable, une séduction absolue... mais qui a mis trente ans à se matérialiser ».
Il devient donc Céline durant une heure et quarante cinq minutes.
Il va nous dire l'amour de la médecine de cet homme, qui a toujours voulu soigner et surtout guérir son prochain.
Il nous racontera les débuts littéraires, pour pouvoir louer un petit appartement. Céline dira alors qu'il travaille beaucoup pour produire ses textes, qu'il est faux de penser que tout ceci lui vient avec facilité. Il en profite pour étriller nombre de ses collègues écrivains, et distribuer des bons et mauvais points y compris aux grands classiques.
Il analysera notamment le style de Proust, avec la célèbre tirade célinienne si souvent citée : « trois-cents pages pour nous faire comprendre que Tutur encule Tatave c'est trop. »
Pas d'impasse sur le versant sombre de l'homme Céline.
Le comédien dit la violence a laquelle il a succombé, exprime les regrets semble-t-ils sincères de son modèle de ne s'être pas tu. Sortiront par sa bouche l'antisémitisme, l'homophobie, de la mysoginie de cet homme.
Un autre élément très intéressant de ce spectacle est de rappeler la langue de Céline, une langue orale qu'il est parvenu à magnifiquement transposer en langue écrite, en reprenant ses formules, son argot, ses envolées, ses fulgurances...
On aura compris que le parti-pris principal du metteur en scène et du comédien était de reproduire le plus fidèlement possible ce qui nous est montré dans le reportage. C'est leur choix artistique, et de ce point de vue, c'est une sacrée gageure réussie haut la main.
On sort évidemment de ce spectacle en étant troublé.
Avec comme une impression de « Céline existe, je l'ai rencontré... »
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D'après Cahiers II Céline et l'actualité littéraire, 1957 - 1961, publié aux éditions Gallimard Mise en scène Géraud BÉNECH Dieu nous l'a mis sur terre pour qu'il nous fasse du tapage ! é...
http://www.theatredepoche-montparnasse.com/project/celine-derniers-entretiens-2/