22 Novembre 2018
Cette fois-ci, vous n'avez vraiment pas le choix !
Non seulement je vais vous conseiller d'aller applaudir ce Chant de Noël, mais je vais quasiment vous ordonner d'aller assister à cette merveilleuse comédie musicale!
Merveilleuse ! C'est l 'épithète que je ne peux m'empêcher d'utiliser !
Oui, j'aime autant vous prévenir, je vais être dithyrambique ! Mais comment faire autrement ?
Je suis sorti de l'Artistic Théâtre bouleversé.
Moi qui pour des raisons tout à fait personnelles n'aime pas plus que cela les fêtes de Noël, j'avais les larmes aux yeux à la fin du spectacle...
Mais que de joie, de beauté, de bonheur, d'émotion sur le plateau, durant ces quatre-vingts minutes !
Nous devons cette comédie musicale à une petite troupe que nous connaissons bien, et qui a déjà enchanté des milliers de spectateurs, notamment, la saison passée, avec le remarquable spectacle Comédiens !
Avec Eric Chantelauze (accompagné de Julien Mouchel et Vincent Merval) au livret et aux paroles de chansons, avec Samuel Sené à la mise en scène, on sait que l'on a affaire à des orfèvres en la matière.
Quant à la composition musicale, c'est un très grand monsieur qui signe une nouvelle fois une magnifique partition. Je veux parler de Michel Frantz, à qui l'on doit bien des spectacles musicaux, et qui fut par ailleurs directeur musical à la Comédie Française durant trente ans.
C'est le conte éponyme de Charles Dickens qu'ont adapté les auteurs.
Ebenezer Scrooge (qui a inspiré à Disney le personnage d' Onc' Picsou) est un vieillard esseulé.
Riche, certes, mais seul.
Avare, ladre, usurier, misanthrope, égoïste, détestable... N'en jetez plus !
La nuit de Noël, il va recevoir la visite d'un esprit qui va changer sa perception de la condition humaine et va le réconcilier avec la vie.
Il deviendra un homme meilleur, notamment en venant au secours de la famille de son employé et souffre-douleur M. Cratchit.
Scrooge, c'est Vincent Morisse, qui m'a fait physiquement penser à John Malkovitch.
Il va être phénoménal de présence et de charisme. Il rend son personnage à la fois repoussant et attachant, inflexible et tendre, odieux puis adorable. Sa composition est une vraie réussite.
Julie Costanza est l'esprit de Noël. La comédienne-chanteuse sera époustouflante à virevolter, à arpenter le plateau, à exécuter moult acrobaties, le tout en chantant de bien belle façon.
Quelle espièglerie, quelle drôlerie, quel charme se dégagent de son jeu !
June Van der Esch et Inès Amoura sont respectivement Bella et Mme Cratchit.
Les deux chanteuses sont elles aussi tout simplement remarquables de technique vocale et d'émotion !
Il faut dire que les airs de Michel Frantz sont de magnifiques et de toute beauté. Jamais mièvres, jamais simplistes, mais au contraire tout en finesse, exigeants, exploitant au mieux les indéniables capacités lyriques des interprètes.
Les garçons ne sont pas en reste. Régis Olivier, Mehdi Vigier et Julien Ratel (qu'on peut retrouver au passage dans ce même théâtre pour la pièce L'homme de Schrödinger) sont eux aussi on ne peut plus convaincants.
Lorsque tous chantent en chœur, il se dégage une vraie pâte sonore, cohérente et homogène.
Les harmonies vocales sont subtiles et procurent bien des frissons.
Il faut ajouter à tout cela une création vidéo très maligne de Harold Simon, la belle chorégraphie (pléonasme... ) d'Amélie Foubert, les beaux décors et les magnifiques costumes d'Isabelle Huchet, un groupe de quatre musiciens en live, les musiques additionnelles de Raphaël Bancou, les bien jolies lumières de François Cabanat et des éléments assez bluffants de magie.
En cette matinée de première, j'ai senti sur scène une vraie joie de jouer, de chanter, de donner la comédie.
Tous se démènent sans compter et nous transportent dans le monde de Dickens.
Il serait impardonnable de passer à côté de ce spectacle de Noël, et ce, même si l'on n'a pas de tête plus ou moins blonde dont il faut occuper les après-midis.
Ce spectacle est une prodigieuse réussite !
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas !