26 Novembre 2024
Ah tu verras ! Tu verras !
Tu verras au Studio Hébertot un très bel hommage à Claude Nougaro.
Un hommage qui ne résulte pas d’une commande, comme celui auquel j’ai pu assister l’été dernier, dans un grand festival de jazz, en présence de son épouse Hélène, et qui, malgré de grands musiciens, d’un grand chef d’orchestre et de jeunes chanteurs talentueux ne transpirait pas la sincérité que j’ai pu trouver hier soir sur le plateau.
Dans ce spectacle Tribu Nougaro, la sincérité est en effet omniprésente.
Sincérité, respect et amour de l’œuvre du chanteur de jazz, de la part du trio sur scène. En permanence.
Ici, il est question d’adapter pour un format musical réduit mais très pertinent grâce à des musiciens multi-instrumentistes les plus grandes chansons du poète toulousain, et de nous en donner une vision propre et personnelle.
D’ailleurs Laurent Malot annonce tout de suite la couleur : « Quelle légitimité ai-je à chanter Nougaro ? »
Il nous donnera trois réponses.
- Parce qu’il en a eu envie
- Parce que le projet artistique est bien de donner sa propre version des grands « tubes » « nougaresques ».
- Parce que Nougaro est bien son chanteur préféré.
Clair et sans ambiguïté, le message, non ?
Dans ce récital mis en scène par Xavier Lacouture, il est donc hors de question de vouloir chanter les titres en imitant Nougaro.
D’ailleurs le peut-on ? Même l’immense André Minvielle, avec son accent occitan, s’en garde bien.
Laurent Malot a fait véritablement siennes ces œuvres qui figurent dans notre patrimoine collectif.
Tout le monde ne peut pas chanter des titres comme Armstrong, Toulouse, Assez ou encore Quatre boules de cuir. Beaucoup s’y sont essayé et s’y sont cassé les dents !
Laurent Malot n’est pas de ceux-là. Il chante avec un timbre puissant et clair, un vrai coffre, une justesse jamais prise en défaut (Lui n’a pas besoin des progiciels Melodyne et Autotune… Suivez mon regard...), le tout associé à beaucoup de sensibilité et de respect de la poétique du texte.
La tessiture du baryton est remarquable.
Il dégage en permanence un sentiment à la fois de force et de fragilité, qu’on retrouvait chez son « modèle » (Que j’ai vu douze fois sur scène dans différentes salles de spectacles et autres festivals…)
Il s’est bien gardé à juste titre de ne pas vouloir reproduire un accent qui n’aurait absolument rien apporté au propos artistique et qui aurait sûrement tourné à la caricature.
Le choix du répertoire du concert balaye judicieusement toutes les facettes de l’œuvre de Nougaro.
Nous retrouvons le côté jazz swing, bebop, mais aussi les dimensions sud-américaines et africaines dont le grand Claude s’est emparé.
Le chanteur n’est donc pas seul sur scène.
Avec lui jouent deux musiciens très talentueux eux aussi. (Les fidèles lecteurs de ce site savent que je déteste le verbe « accompagner » en matière de musique.
Ici, une véritable cohésion, une osmose même, règne en permanence.
Les arrangements sont d’une délicatesse, d’une pertinence, d’une finesse remarquable !
(Ah ! Cette descente diatonique de quelques notes à la trompette sur le refrain d’Armstrong ! Quel délice ! )
A jardin, au piano, à l’accordéon (touches piano) et donc à la trompette, ainsi qu’à divers instruments de percussion, Franck Steckar nous ravit de sa technique et de son assise mélodique et rythmique.
Le pianiste swingue et groove. Il restitue parfaitement les couleurs harmoniques des titres choisis, et nous procure lui aussi beaucoup d’émotions.
A cour, L’assiste rythmique que l’on doit au contrebassiste Christophe Devillers.
Lui aussi nous comble par la précision et la virtuosité de son jeu.
En pizzicati ou à l’archet, la « grand-mère », sonne, délivrant des lignes de basses délicates et subtiles, et de beaux traits mélodiques.
Le musicien joue également du trombone. Et très bien.
Notamment dans une version très réussie de Clodi-Clodo.
C’est également Christophe Devillers qui va lancer au moyen d’une pédale-sampler des extraits audios d’interviews de Nougaro.
C’est toujours un bonheur de retrouver cette voix et ce phrasé immédiatement reconnaissables.
Ces extraits sont choisis de façon très pertinente et illustrent parfaitement tel ou tel thème abordé.
Nous serons amenés à chanter, nous autres spectateurs, et nous ne nous ferons pas prier. Tout le monde dans la salle connaît la plupart des chansons par cœur.
Ovation finale. Quoi de plus mérité ?
Un rappel sera donné a capella, autour du titre Nougayork. L’ambiance est à son comble. Pour chauffer, ça chauffe !
En sortant de cette appropriation passionnante, nous n’avons qu’une seule envie, celle de réécouter l’auteur de Cécile ma fille, et pour ma part l’une de mes chansons préférées : Prométhée qui ne figure que sur deux albums live seulement, au New-Morning et à l’Olympia, où vous pourrez m’entendre applaudir…
Vous êtes un fan de Nougaro ? Dirigez impérativement vos pas du côté du Studio Hébertot.
Vous voulez découvrir ce monument de la chanson française ? Se référer à la ligne ci-dessus !
Un récital incontournable !
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Ne manquez pas d'aller jeter un coup d'œil sur mon portfolio de photos du concert.
C'est ici :
http://delacouraujardin.over-blog.com/2024/11/portfolio-tribu-nougaro-au-studio-hebertot.html
Tribu Nougaro - Studio Hébertot
" Tribu Nougaro ", création pure sur l'œuvre de Claude Nougaro dont le but est de retrouver l'ADN des mots et des notes du poète chanteur.