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Théorème / Je me sens un cœur à aimer toute la terre

© Photo Y.P. -

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Quand la mer monte…

Théorème / Je me sens un cœur à aimer toute la terre, ou Pasolini et Molière revisités à la sauce sitcom.

 

Sur le papier, l’idée était fort intéressante de croiser le cinéaste et notre Jean-Baptiste à nous.
Mais voilà…

Je crois qu’Amine Adjina a eu les yeux plus gros que le ventre.
A partir d’un texte assez faible, il faut bien l’avouer, durant quand même deux heures et quinze minutes, nous est proposée une sorte de multi-réflexion sur le désir érotique provoqué par l’irruption d’un étranger au sein d’une famille bourgeoise, (le mythe de l'étranger mis en lumière par le cinéaste-poète italien), sur le dérèglement climatique, sur la montée et la présence de l’extrême-droite française, sur la beauté des nombrils et sur le personnage d’Elvire dans Dom Juan.
On l’aura compris, l’auteur arrose large !

Alors forcément, nous est montrée une série de clichés textuels et de tics de mise en scène (nudité gratuite, abondance de changements de costumes, cendre qui tombe des cintres, recours à une video embarquée assez mal maîtrisée, il faut bien le dire…)
Je crois qu’il aurait vraiment fallu affiner le propos. Le théâtre ne peut pas aborder tous les problèmes à la fois, au risque de diluer le propos dramaturgique.

Heureusement, la petite troupe des Comédiens Français en général et Danièle Lebrun en particulier permettent de tirer vers le haut le spectacle.

Mademoiselle Lebrun incarne la grand-mère de cette famille, une mamie acariâtre et drôle, aux répliques que la comédienne sait comme à son accoutumée servir avec un humour à froid phénoménal.
Le rôle a évidemment été écrit pour elle. On retrouve pratiquement le personnage qu'elle interprétait en 2016, dans la pièce Innocence, de Dea Loher.

A son habitude, elle est formidable.

Birane Ba est ce jeune homme étrange qui va déliter les membres de cette structure familiale.
Le comédien rend son personnage brûlant de sensualité. Une belle interprétation, dans une direction toutefois beaucoup moins sulfureuse que celle de Terence Stamp dans le film.

Et puis Claïna Clavaron incarne Nour, la Lumière, qui nous dira la fameuse tirade d’Elvire, au bout quand même de cent-trente minutes…
Mademoiselle Clavaron est alors bouleversante.

Dans une moindre mesure, le procédé m'a rappelé un sketch de Philippe Geluck, alors chroniqueur sur la RTBF :

Un écrivain a commis un roman qui commence de la sorte : "Il s'assit et ouvrit le livre à la première page. Voici ce qu'on pouvait lire :". Et là, l'écrivain recopie intégralement Les trois mousquetaires.
Et le livre de se terminer ainsi : "Tout de même, ce Dumas, quel génie ! "

Quant à Alexandre Pavloff, lui, fait ce qu’on lui a demandé de faire : il vitupère, il crie, il hurle. Et termine dans le plus simple appareil au milieu de la cendre tombée des cintres.

Au final, il faudra retenir encore, toujours, la magnifique et admirable Danièle Lebrun.

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