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Dabadie ou les choses de nos vies

Emmanuel Noblet, Maissiat, Clarika et Mathieu Geghre - © Photo Y.P. -

Emmanuel Noblet, Maissiat, Clarika et Mathieu Geghre - © Photo Y.P. -

Clarika - © Photo Y.P. -

Clarika - © Photo Y.P. -

On ira tous au Dabadie. On ira !

Jean-Loup Dabadie. On a tous grandi avec lui, quel que soit notre âge, en découvrant dès leur sortie ou à l’occasion de leurs nombreuses rediffusions tous ces grands films inscrits au panthéon du cinéma français qui lui doivent leur scénario.
Celui qui a travaillé notamment pour et avec Claude Sautet, Jacques Rouffio, Yves Robert, Jean-Paul Rappeneau, Georges Lautner, Jacques Monnet et consorts...

Jean-Loup Dabadie. Même sans que nous le sachions forcément, on a tous écouté les mots qu’il a offerts aux nombreux chanteuses et chanteurs qui ont eu recours à son immense talent de parolier.
Ces mots portés à nos oreilles par Régine, Serge Reggiani, Johnny Hallyday, Jacques Dutronc, Patrick Juvet, Guy Bedos et sans oublier bien évidemment Julien Clerc, ces mots que l’on a tous autant que nous sommes un jour nous-mêmes fredonnés.

Jean-Loup Dabadie. L’auteur populaire au sens noble du terme, l’homme dont l’écriture ciselée, précise et qui nous parle comme peu d’autres d’hommes et de femmes, de leurs histoires à la fois personnelles et universelles, dans lesquelles nous pouvons à jamais nous projeter ou nous retrouver.
Des histoires de fêlures, comme il aimait à définir ce qui l’intéressait principalement de raconter.

Clarika a eu l’excellente idée de rendre hommage à ce magnifique touche-à-tout des mots, ce grand raconteur de l’intime par le biais d’un spectacle qui va mêler
avec une grande habileté et de façon très judicieuse dialogues, paroles, extraits de scénarios et de chansons.

Un spectacle vivant pour dire toutes ces phrases forcément entendues ici et là, dans les salles obscures ou dans celles de concert, sur DVD, CD, ou en étant abonnés aux divers services de streaming.
Une passionnante relecture grâce à un assemblage très pertinent et très intelligent de textes de cet auteur majeur.

Durant cette heure et demi, les extraits de scénario de Dabadie vont alterner avec les versions des grandes chansons qu’interprèteront celle dont je possède tous les albums (si si, je suis un grand fan et connais par cœur
nombre de titres de Mademoiselle Claire ! ) et ses trois autres camarades de jeu.

Le comédien-metteur en scène Emmanuel Noblet, ainsi que l’autrice-compositrice Maissiat et le pianiste-claviériste-guitariste Mathieu Geghre sont aux côtés de Clarika, pour former un quatuor artistique particulièrement cohérent.

Alors bien entendu, il a fallu choisir, pour parvenir à ce montage textuel.

C’est qu’il y en a du matériel !
Quinze dialogues du spectacle, extraits de films célèbres, alternent avec quatorze chansons, des tubes intemporels ou des petits bijoux moins connus.

Evidemment, il serait tentant pour moi de vous révéler quelques uns de ces extraits et titres. Je m’en garderai bien.
Au fur et à mesure que se déroule le spectacle,
chacun d’entre nous dans la salle est amené à « jouer » avec sa mémoire, retrouver le titre des films, le nom des personnages repris par les comédiens sur scène, l’interprète de telle ou telle chanson. C’est souvent évident, c’est parfois plus difficile.
Heureusement, un générique final permet de vérifier nos hypothèses.

La scénographie à la fois simple et astucieuse est très évocatrice de cette passerelle entre le spectacle vivant et la dimension artistique filmée ou enregistrée.
Un écran translucide fait de plusieurs rideaux va permettre aux trois protagonistes de matérialiser cette dimension d’entre deux et le caractère protéiforme de l’œuvre de Dabadie.

Cet écran, c’est celui du cinéma, c’est le fond de scène des concerts, c’est aussi un espace qui se traverse et constitue un entre-deux spatial et temporel.
Les ombres portées donnent parfois un caractère à la fois onirique et
d’une belle sensualité.

Le tout est monté sur un axe et pivote pour produire un grand tourbillon final.

Maissiat - © Photo Y.P.

Maissiat - © Photo Y.P.

Quel bonheur de retrouver la voix unique de Clarika, légèrement gouailleuse, au timbre un peu éraillé, un peu grave !
Une voix reconnaissable entre toutes qui va s’accorder de façon très belle et très subtile avec celle de Maissiat que j’ai découverte, il me faut bien l’avouer.
Les deux demoiselles chantent, évidemment, mais jouent également la comédie en nous disant avec beaucoup de présence, de force et de justesse les mots de l’auteur qu’elles reprennent à leur compte.

L’appropriation est très réussie.

Il en sera de même également pour Emmanuel Noblet, qui sera notamment bouleversant dans une version d’un titre de… Je n’en dis pas plus.
Son interprétation de scènes jouées originalement par un immense comédien
français moustachu, son interprétation force le respect. Tout pareil, je n’en dis pas plus !

De très nombreux duos seront constitués. Les histoires d'amours plus ou moins contrariées , les histoires de couples, vous dis-je, même si de grandes scènes à plusieurs personnages sont reprises.

Voici donc un magnifique hommage à celui dont les mots l’ont conduit à l’ Académie française.
Ce spectacle, véritable ode au cinéma, à la chanson, est avant tout l’occasion de se rendre compte s’il en était encore besoin de la douce force des textes, de la
délicate et évocatrice puissance de l’écriture de Jean-Loup Dabadie.

Jean-Loup Dabadie que nous entendrons à
la toute fin de ces quatre-vingt dix passionnantes minutes.
La fêlure...

© Photo Y.P.

© Photo Y.P.

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H
Ça joue dans quel théâtre ? Quels jours heures ?
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