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Domi & JD Beck en concert au festival Jazz à la Villette

© Photo Y.P. -

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Vous aurez Dallas et la Lorraine !

A jardin, du côté de la capitale du Texas, JD Beck, batteur de son état depuis l’âge de 3 ans, producteur à 8. Si si...
19 printemps.

A cour, du côté de Metz, Domi. Domitille Degalle sur son passeport.
Pianiste virtuose, claviériste émérite, compositrice, productrice, passée très rapidement par le conservatoire de Nancy, très brièvement par le conservatoire supérieur de Paris, puis ensuite par le prestigieux Berklee College of Music de Boston.
22 ans.

Rencontre et coup de foudre musical au Namm 2018, le célèbre salon professionnel.

Ces deux là, avec un premier album , Not Tight, sorti en juillet dernier, sont en train de donner un nouveau souffle au jazz, avec un jazz-funk sidérant et enthousiasmant, mêlant nombre d’influences très contemporaines comme le hip-hop ou le trap.

Sous la houlette de Anderson .Paak, cet album sorti directement sur le mythique label Blue Note voit de prestigieux guests stars qui ne se pas trompés sur ce phénomène musical : Herbie Hancock, Thundercat, Snoop Doggy Dogg, Busta Rhymes ou encore Mac DeMarco.

Pour l’écrire sans détour, il est fort probable que ce duo fascinant est en train de poser les bases du futur du jazz, avec leur musique à la fois minimaliste, foisonnante et survitaminée.
Purement et simplement.

Les retrouver au festival Jazz à la Villette pour un concert unique en France était donc un événement en soi.

Au centre de la grande scène, nous attendent une batterie dans sa plus simple configuration (grosse caisse, caisse claire, deux toms, medium et basse, une cymbale ride et une charleston) et deux claviers.
Les deux sets se font face. Nous verrons donc les deux gamins de profil.

Les lumières de la salle et s’éteignent. Dans l’obscurité monte Louna’s intro, l’introduction samplée de l’album, la flûte et les violons synthétiques ouvrent le bal.

Et puis les voilà. Ils pénètrent sur scène sous une véritable ovation.

En très large salopette-baggy verte sur un t-shirt jaune, il s’installe derrière ses fûts.
Elle, elle a tout d’une héroïne d’un manga.

Deux très longues couettes blondes, des paillettes au coin des yeux, une tunique très colorée, une petite jupe plus ou moins plissée, de hautes chaussettes trouées.
Elle nous explique qu’elle doit enlever ses baskets pour pouvoir jouer de son pédalier de basse.
Comme une certaine Rhoda Scott.

Et voici Smile. Avec le son et le style si caractéristiques du duo.

Lui, à la batterie, avec une vélocité hallucinante et le minimalisme foisonnant dont je parlais plus haut, parvient à reproduite les triplets, sextolets, septolets, triples et quadruples croches ultra-rapides des machines électroniques programmables.

Véritable métronome, utilisant en permanence et de façon permanente sa charley, les cercles de ses fûts, avec un incroyable jeu au kick, son propos semble être de remplir le plus possible les mesures de notes frappées.
Ses rythmes frénétiques relèvent à la fois du funk, du beat électronique, de la musique itérative et du trap pour délivrer une sorte de transe passionnante.

Avec JD Beck, on en prend vraiment plein les oreilles. J’en veux pour preuve ce que me confiait l’un des spectateurs : « Mais comment fait-il pour en mettre partout autant ? »

Domi, elle, doit faire le reste. Avec seulement deux mains et deux pieds. C’est au passage un point commun des deux musiciens qui jouent chacun avec leurs quatre membres.

(Elle vient récemment d’ajouter à son set un pédalier de basses, avec lequel elle jouera les profondes et très graves fondamentales de ses grilles harmoniques.)

Avec sa main droite, sur son clavier rouge NordLead, elle va jouer avec beaucoup de virtuosité et une technique irréprochable des accords complexes et de délicates mélodies, faites de notes cristallines.
A la main gauche, elle se charge des lignes de basse aux notes bourdonnantes compressées, des lignes elles aussi compliquées et frénétiques, qui se calent admirablement sur le rythme délivré par son complice.

Le jeu de Mademoiselle Degalle est bluffant.
On comprend très vite que nous avons affaire à une grande technicienne aux influences telles qu’Oscar Peterson ou Keith Jarrett.
Une sacrée improvisatrice, également. La précision, la qualité harmonique des lignes solistes le démontre en permanence.

Ne nous y trompons pas : si les deux cultivent un petit air assumé de dilettantisme, se trouvent avant tout devant nous de redoutables et excellents musiciens.

Les principaux titres de l’album seront interprétés, entrecoupés de moments très drôles. Les deux cultivent un humour trash assumé. Domi appelle une pussy une pussy, JD quant à lui jure comme un charretier avec quantité de fu……. et de sh….. . Il faut bien que jeunesse se passe.

Nous aurons droit également à une passionnante version de Endangered Species, de Wayne Shorter qui témoigne une nouvelle fois de la connaissance et de la réappropriation du jazz des grands aînés.

Tout comme également le titre Duke, un morceau « fait de 50 % d’hommage à George Duke, et 50 % de fuck….g bulls…t). Je cite Mister Beck.

L’heure que durera ce concert passera beaucoup trop vite, d’autant qu’après un salut minimaliste, les deux comparses s’éclipsent pour ne plus revenir. Pas de rappel.

Tous, dans la grande halle de la Vilette, sommes conscients d’avoir assisté à quelque chose d’unique, un moment exceptionnel et rare s’inscrivant probablement dans l’histoire du jazz.
DOMI et Jd BECK n’ont pas fini de faire parler d’eux.

Jazz is not dead !

 

© Photo Tehillah De Castro -

 

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