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Daïda en concert à Jazz in Marciac

© Photo Y.P. -

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Une seule trompette, Daïda !
Mais quelle trompette !

La rage ! Le besoin vital de jouer ! L’urgence de porter aux autres une musique viscérale !

L’énergie brute et à la fois la douceur onirique !
A l’Astrada, j’ai assisté hier à l’enthousiasmant concert du groupe Daïda, dont c’était la première mais certainement pas dernière prestation au festival de Marciac.

Oui ! J’ai été fasciné et enthousiasmé par ce que nous ont donné ces cinq musiciens, emmenés par la batteur Vincent Tortiller, ci-devant prix de groupe du Concours national de jazz de la Défense 2021.
Venus présenter leur premier album, La passion du cri (on notera au passage le jubilatoire calembour qui personnellement me ravit...), le groupe a enivré musicalement les spectateurs, pour leurs plus grands plaisir et bonheur et récolté une standing ovation ô combien méritée.

Daïda, c’est l’abréviation du nom de la créature mythologique Daïdarabotchi, un des yokaï qui ont façonné le monde.
Daïda va façonner devant nous un univers passionnant, avec les compositions du batteur (mais pas que…), faites de jazz, bien entendu, mais d’une multitude de sources culturelles.
La musique de Daïda, c’est un métissage de différentes cultures musicales, le trip-hop, le rock, la fusion, voire la musique techno…
Daïda ou le mélange assumé et pluriel qui aboutit à un projet singulier on ne peut plus intéressant.

Grâce à ses claviers Moog et Prophet, Auxane Cartigny lance un bourdon dans les basses, voire les infra-basses, un bourdon sourd qui plonge la salle dans une ambiance mystérieuse.
Le contrebassiste Samuel F’Hima le rejoint pour bien enfoncer le clou dans les graves. (L’extension du manche de sa contrebasse le prouve).


 

© Photo Y.P. -

Les trois autres compères à leur tour entrent dans la danse.
Dans le sabat, même.

Vincent Tortiller commence à frapper ses peaux et ses cymbales, installant une pulsation de braise.
Les deux solistes quant à eux finissent par arriver et s’immiscer dans le discours musical.
Le trompettiste Arno de Casanove, grand technicien de son instrument, et l’excellent guitariste Antonin Fresson lancent le thème du premier titre.

 

© Photo Y.P. -

Nous, nous ressentons immédiatement l’énergie brute évoquée plus haut.
Sur nos sièges, nous sommes embarqués dans un jazz électrique qui va délivrer des moments musicaux toujours lyriques, que ce soit dans des formes qui approchent de la transe, ou dans des passages plus intimistes.

Vincent Tortiller concocte avec une vraie virtuosité des rythmes binaires au fond du temps, des pulsations intenses, des grooves de feu qui vous remuent les tripes.
Sa main gauche frappe avec force la caisse claire, très sollicitée.
Les frisés, les roulements ravissent les aficionados.
On sent bien un héritage de grands noms de la batterie comme un certain Corey Fonville ou encore Patrick Héral, (forcément...), mais bien entendu, le jeune homme a su développer son propre style.

 

© Photo Y.P. -



Sur les nappes synthétiques un peu mystérieuses du claviériste Auxane Cartigny, avec des lignes harmoniques et mélodiques sophistiquées et toujours très abouties, Arno de Casanove et Antonin Fresson se lancent dans des envolées lyriques qui constituent des soli ou des moments polyphoniques très riches et très construits.

Quant à Samuel F’Hima, lui délivre des lignes de basses faites de cellules plus ou moins répétitives qui elles aussi contribuent à donner cette impression de transe.
Une impressionnante cohésion règne dans cette rythmique de braise.


Il est impossible, je dis bien impossible, de ne pas ressentir de façon corporelle ce jazz intense, musclé, dans lequel il se passe toujours quelque chose de passionnant.

Des titres plus doux, plus éthérées sont eux aussi magnifiques de créativité et d’inventivité, comme cette pièce étonnante basée sur un ostinato de deux notes : Mi bémol court – Ré bémol long.
Deux notes qui résonnent comme un cri, justement, qui sourdrait un peu tristement.
C’est bien simple, j’avais des frissons durant tout le titre, qui figure sur l’album en question.

Il faut noter que chez Daïda, une grande importance est accordée au traitement sonore.
J’ai rarement vu autant de pédales d’effets sur une scène.
Des delays, des reverbs, des loopers, des effets tous plus sophistiqués les uns que les autres permettent de produire des sons étranges mais fascinants.

Ce concert est de ceux qui font du bien, parce qu’il fait partie de ceux qui vous rappellent que la création est un processus vital et relève d’une véritable nécessité pour des artistes en général, et ici en l'occurrence des jeunes artistes.
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Daïda nous montre de façon magistrale la vitalité du jazz actuel français !
Daïda ! Retenez bien le nom de ce groupe qu'il faudra suivre attentivement !

 

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