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Saint-Exupéry, le mystère de l'aviateur

© Photo Y.P. -

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Comme un avion sans lui…

Arthur Jugnot et Flavie Péan ont joliment troussé une comédie douce-amère qui va nous en apprendre plus sur Antoine de Saint-Exupéry que bien des documentaires…

Si l’on vous dit « St-Ex », il y a de fortes chances que tout comme moi vos connaissances en la matière se résument à ces quelques mots : le Petit Prince, aviateur, romancier, aéropostale, désert, disparition en mer.

Mais à part tout ça, ce qui n’est certes pas rien, quoi d’autre ?

Le spectacle de ce soir va se charger, sans avoir l’air d’y toucher, et avec beaucoup plus de fond qu’il n’y paraît à première vue, d’éclairer plus avant notre lanterne.

Le spectacle débute par un retour d’enterrement.
La famille Rippert. Un père aux origines allemandes, une mère, un ado. Anton, l’ado.
Une famille qui vient de porter en terre son patriarche.

La communication papa-fiston est proche du zéro absolu.
A la suite d’une passe d’armes verbale où le ton monte, M. Rippert confisque le portable de son fils et propose de lui rendre à condition que ce dernier s’intéresse à l’homme Saint-Exupéry et à son œuvre. St-Ex, dont des photos, des cartes géographiques et des coupures de presse le concernant ornent les murs de la maison du grand-père décédé.

Va alors se succéder une série de tableaux mettant en scène les principaux épisodes de la vie de l’auteur du petit Prince. Ceux que l’on connaît, et les autres.

Dans une très belle scénographie de Juliette Azzopardi (je viens d’écrire un pléonasme) et Jean-Benoit Thibaud, à base de quatre pans dont deux centraux coulissants sur lesquels seront projetés des vidéos en image de synthèse très réussies, Arthur Jugnot met en scène sa petite troupe de comédiens de façon alerte et enlevée. Pas de temps mort, avec lui !

St-Ex, c’est Davy Sardou.
Sa première apparition en petit Antoine à la voix qui mue, déclenche immédiatement des rires dans la salle.
Son rôle, pas si évident que cela, l’oblige à placer le curseur à sa juste place : c’est une comédie, mais pour autant, pas question que tout ceci tourne à la pochade.

Nous suivons, tout comme l’ado Anton, son histoire, les débuts de sa passion pour l’aviation, l’apprentissage, la passation du brevet de pilote.
Derrière un petit cockpit en bois, le comédien nous fait immédiatement croire à son illustre personnage.

Toutes ces saynètes biographiques (sans aucun noir plateau, ce que j’apprécie tout particulièrement), se déroulent en alternance avec les scènes de la vie de famille.
Les relations père-fils vont progressivement et subtilement évoluer.

Tous les comédiens vont jouer de multiples rôles, avec des changements de costume ultra-rapides en coulisse.
La mécanique est parfaitement réglée et huilée.

Flavie Péant jour principalement le rôle de Consuelo Suncin Sandoval, qui deviendra Consuelo de Saint-Exupéry, l’épouse du romancier.
Avec un accent salvadorien à couper au couteau, Melle Péan ravit le public, notamment dans une scène chorégraphiée de tango, sauvage et langoureux à la fois.

Un qui va nous faire beaucoup rire, c’est Antoine Lelandais, qui va nous prouver une nouvelle fois son épatante vis comica.
Il interprète de multiples personnages, donc, avec des adresses au public, (et au décor, si si, je n’en dis pas plus), qui déclenchent l’hilarité, même à l’occasion de son personnage d’officier SS.
En mariachi, il est impayable !
De la belle ouvrage, M. Lelandais !

Le trio père-fils-mère est interprété par Pierre Bénézit, Laurence Porteil ou Caroline Santini (en alternance) et Lancelot Cherer.
Un trio qui fonctionne parfaitement.
On croit tout à fait à cet affrontement générationnel qui va évoluer de bien belle façon.

Car oui, à la fin de la pièce, nous saurons qui est ce grand-père que l’on vient d’enterrer.
Comme Anton, nous apprendrons les véritables relations de cette famille avec celui qui en 1944 ne reviendra pas d’un vol en F-5B-1-LO, bimoteur P-38 Lightning en version reconnaissance aérienne.

Le public en général et votre serviteur en particulier n’en mènent alors pas large.
Après avoir beaucoup ri (grâce également à deux icônes du cinéma et du rock n’roll... Là encore, je vous laisse découvrir), nous comprenons enfin.

Au final, après les applaudissements nourris, tout le monde sort du théâtre de très bonne humeur, en ayant appris tout plein de choses.
Oui, cette comédie est également fort réussie d’un point de vue pédagogique.

Vous aussi, venez donc vous envoyer en l’air au Splendid avec Davy Sardou, Flavie Péan et leurs camarades de jeu.
En tout bien tout honneur, évidemment...

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