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An irish Story

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

Peter O'Farrel existe. Je ne l'ai pas rencontré.
Voici ce que pourrait nous dire Kelly Ruisseau, sa petite-fille, qui va se lancer dans une quête familiale, à la recherche de cet aïeul qu'elle n'a pas connu et dont sa mère ne veut pas entendre parler.


En 1949, ce grand-père a quitté son petit village de Knockcarron, (Limerick County, Ireland), pour aller chercher du travail à Londres. Comme pour de très nombreux compatriotes catholiques et irlandais, la seule solution était d'émigrer vers la protestante Angleterre.


Il quitte également sa femme, enceinte de leur premier enfant. Ils se marieront par la suite à Londres, et auront cinq autres enfants.
Lui ne reviendra jamais en Irlande.


Kelly Rivière, auteure et interprète de cette pièce, joue Kelly Ruisseau.
Pas besoin d'être grand clerc pour deviner que ce personnage est l'alter-ego de la comédienne.
On ne se lance pas dans une telle entreprise littéraire et dramaturgique par hasard et sans raison.

Cette famille-là, cette histoire-là, ce sont les siennes.


Dès les premières répliques, la comédienne nous attire dans ses rets et ne nous lâchera plus.
Impossible de ne pas être fasciné par son histoire, impossible de ne pas la suivre on ne peut plus passionnément durant cette heure et trente minutes.


Il faut dire que Melle Rivière est une formidable conteuse ! La manière dont elle va nous dérouler cette enquête est passionnante.
Il y aura le fond et la forme !


Le fond, c'est avant tout la discrimination qu'ont dû subir ces Irlandais forcés d'émigrer en Angleterre. La comédienne nous rappelle d'ailleurs le contenu des pancartes qui les accueillaient « No Blacks, no Irish, no Dogs » !


Cette discrimination, elle aura soin de nous la faire percevoir par les différents accents qu'elle prendra tout au long de la soirée.
Kelly Rivière a des origines irlandaise et française. Elle connaît bien son sujet, puisqu'elle est traductrice à la Maison Antoine Vitez, coordinatrice du comité anglais de 2010 à 2012.
Elle nous rappellera que c'est souvent par l'accent, les « » roulés que les Irlandais se trahissaient...
La langue était alors un facteur de discrimination.


Et puis la forme. Nous allons beaucoup rire. Et ce, dès les premières scènes.
Elle interprète tous les personnages de l'histoire.

Kelly Ruisseau, bien entendu, mais également ses premiers amoureux, sa mère irlandaise, son père originaire de Provence (le choc des cultures sera jubilatoire...), son frère Julien, son fils Liam, Mme Duluc, impayable détective privée, une grand-tante en fauteuil roulant (je crois que je n'ai jamais autant ri cette saison qu'en voyant Melle Rivière interpréter ces deux derniers personnages), et bien d'autres.
Dont le principal, à la toute fin du spectacle. Et non, je n'en dirai pas plus.


Cette galerie de portraits très drôles, souvent également très émouvants, minutieusement travaillés et brossés, cette galerie est épatante de justesse et d'observation.


La comédienne nous tire beaucoup de fou-rires.
Grâce à son texte, tout d'abord. J'ai découvert une vraie écriture, rapide, précise, avec quantité de formules souvent hilarantes (avec parfois des références assumées « Oh my God ! But you are pas mal ! »), et des situations vraiment cocasses (la raison de la découverte de ses enfants congelés par M. Courjault est un grand moment !)


Grâce également à ses qualités de comédienne.
Son énergie, ses ruptures, ses façons d'enchaîner les répliques, de passer d'un personnage à l'autre sans jamais nous perdre, de se dépenser sans compter, de captiver le public, tout ceci m'a complètement séduit.

Et puis elle parvient avec une facilité déconcertante à peindre également les différents lieux de l'histoire.
C'est bien simple, j'étais vraiment dans ce pub irlandais, une pinte de Guiness à la main, en train d'écouter le groupe The Dubliners !

C'est un très beau moment de théâtre que nous propose Kelly Rivière.
Cette recherche de l'histoire de ce grand-père génère à la fois beaucoup d'émotion et beaucoup de rires. (Ces deux qualités concomitantes ne sont pas si courantes que cela.)
Il est impossible de ne pas s'intéresser à cette quête familiale et identitaire.
Une quête que je vous recommande vivement.

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