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SAMO, a tribute to Basquiat

© Photo Y.P. -

© Photo Y.P. -

SAMO ! SAMe Old shit !
Toujours la même merde !


"Le but, ce n'est pas de prendre des coups, c'est de les esquiver !", nous dit le personnage principal de la pièce.
Nous, nous n'allons pas l'esquiver, et c'est tant mieux, ce salutaire coup de poing dramaturgique que nous assènent l'auteur Koffi Kwahulé et la metteure en scène Laëtitia Guédon.
Un magnifique coup de poing dramaturgique !


A l'heure où il est impossible d'ignorer qu'une importante exposition consacrée à Jean-Michel Basquiat est organisée en ce moment-même à Paris, Melle Guédon a choisi quant à elle d'évoquer la période d'errance de l'artiste, l'avant-célébrité, la construction de ce qui fera la démarche et le style de ce génie.


Dans une mise en scène très physique, très organique, elle nous donne à entendre les mots de l'auteur, mais également elle nous permet de les voir.
Parce qu'elle va faire en sorte que ces mots-là déclenchent des chocs visuels.


Pour autant, l'un des parti-pris les plus judicieux de cette mise-en-scène est de ne jamais montrer une œuvre. Nous ne sommes pas là pour ça.


Ce qui nous sera montré sera beaucoup plus évocateur.
Nous allons voir New-York.
Nous comprenons pourquoi c'est dans Big Apple que le jeune a pu forger ce qui constituera son « faire » pictural.
Brooklyn, Manahattan, Soho... Les premiers grafs... Sur un grand écran, snt projetées des images stylisées qui évoquent le mouvement incessant de la mégapole, la pluie, le métro, la pluie...


Nous verrons également le père du jeune homme.
La figure d'un père sévère, violent...
C'est Eriq Ebouaney qui l'incarne cette figure de commandeur... Le comédien est glaçant, jusqu'au moment où son personnage comprend...


Et puis surtout, surtout, nous verrons Yohann Pisiou !
Torse nu, musculature asséchée au maximum, coupe de cheveux semblable à celle du jeune Jean-Michel, avec ou sans gants de boxe, il est véritablement impressionnant !
C'est une boule d'énergie incandescente qui se tient devant nous. Les gouttes de sueur font rapidement leur apparition.
Il décoche les mots de l'auteur avec une rage et une hargne phénoménales, notamment lorsqu'il évoque les questions identitaires, les figures des luttes pour l'égalité des droits civiques aux USA.

Il devient alors un incroyable écorché vif. Quelle remarquable prestation !


Laëtita Guédon va également nous démontrer que l'environnement culturel new-yorkais des années 80 va permettre l'éclosion du style Basquiat.
Nous serons en présence d'un riche creuset artistique.


La danse sera évoquée grâce au talentueux Willy Pierre-Joseph, qui interprète une magnifique chorégraphie hip-hop, avec des mouvements corporels assez hallucinants.

Et puis la musique.
Le jazz « classique », bien entendu, mais également les musiques dites urbaines, le hip-hop, trip-hop, mais aussi le funk, l'acid jazz, le new jack swing...

L'excellent musicien Nicolas Baudino a apporté sur le plateau de la salle Copi ses instruments.
Le sax ténor (on pense à Bird), le sax soprano, (Ornette Coleman n'est pas loin...), la flûte traversière, mais aussi un contrôleur à vent électronique MIDI qui lui permet de « jouer » de la trompette bouchée qui évoque celle de Miles Davis.
Sans oublier le clavier-maître, qui lui permet de jouer sur des loops et des samples rythmiques du musicien Blade Mc/AliMBaye. (Merci à l'excellent et incontournable progiciel allemand Live-ABLETON.)
Impossible de ne pas avoir envie de bouger. L'environnement sonore et musical devient aussi important que les mots.

On l'aura compris, ces soixante-dix minutes constituent donc un moment impressionnant de théâtre.
Je vous engage vivement à assister à ce spectacle qui nous plonge dans une création artistique globale, et qui permet d'appréhender la genèse d'une démarche picturale extra-ordinaire.

© Photo Visioscène

© Photo Visioscène

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