24 Janvier 2019
Elliot est un enfant extra-ordinaire.
Avec une logique et un langage qui lui sont propres.
Dans son magnifique pyjama à grosses rayures horizontales, il ne comprend pas forcément le monde dans lequel il vit.
Son papa et lui ne s'entendent pas, chacun restant isolé dans son monde.
La nuit tombe. Une nuit pas comme les autres.
Elliot va voir son père se transformer en Robinson Crusoé.
Rien ne manquera dans ce rêve onirique, le navire, la mer déchaînée par gros temps, le naufrage, l'arrivée dans cette île déserte, les débris du bateau échoués sur la plage.
Mais bien entendu, le papa ne restera pas tout seul bien longtemps.
A partir de cette situation de départ, Sarah Gabrielle et Joëlle Luthi ont imaginé un conte à la fois tendre et loufoque, une drôle de relecture du roman de Daniel Defoe.
Ce Robinson Crusoé-là sera revisité à la sauce Tex Avery.
Les petits et les plus grands vont bien rire, à voir se démener les deux protagonistes de l'histoire.
Ici, Robinson débutera son aventure tel un monarque absolu, en habit de cour plus ou moins rapiécé, en perruque plus ou moins enfarinée, n'ayant de cesse d'édicter des règles strictes en matière de vêtements, de taille des ongles, j'en passe et non des moindres.
Florent Perrier incarne de bien belle façon ce Père-Robinson, qui a bien du mal à se dépétrer de sa situation de naufragé.
Le comédien est très drôle, parodiant des comptines très connues, jouant une fausse rigueur, un père-la-morale pas si moraliste que cela...
Mais que serait un Robinson sans son célèbre compagnon, qui ici, ne s'appellera pas Vendredi, mais... Je vous laisse découvrir.
C'est Pauline Paris qui incarne cet indigène îlien, qui va tenter de river son clou au Robinson.
Le duo fantasmé d'Elliot prend corps, tel Bip Bip et son Coyote.
Les deux commencent par se courir après, dans un cache-chache effréné.
Et puis ils se rencontrent enfin. Il va falloir accorder les logiques, il va falloir que chacun fasse un pas vers l'autre.
Les jeunes spectateurs et votre serviteur rient énormément.
De vraies situations de comédie se déroulent devant nos yeux, des situations souvent burlesques et drôlissimes.
Bien entendu, les petits comprennent très vite l'enjeu dramaturgique, et saisissent même intuitivement pour les plus jeunes d'entre eux que ces deux personnages rêvés sont ce papa et son fils du début de la pièce.
Et puis le rire fait place à l'émotion. En un instant les rires sont remplacés par un silence d'une qualité impressionnante.
Robinson se retrouve seul... Il est des murs que parfois les enfants doivent franchir.
Le théâtre a ceci de pratique que franchir un tel mur est assez aisé.
Mais que l'on se rassure, l'histoire se terminera avec une très jolie fin.
Une nouvelle fois, Sarah Gabrielle nous propose un spectacle de grande qualité, un de ceux qui prennent les enfants pour ce qu'ils sont vraiment, à savoir des êtres doués de raison et de sensibilité.
Un spectacle qui respecte les mômes, qui leur fait confiance.
Tout n'est pas forcément explicité dans cette heure de beau théâtre.
L'essentiel est de semer. L'important c'est de faire germer des interrogations, de distiller des souvenirs, et de pouvoir faire en sorte qu'à la sortie du Lucernaire, parents et enfants se parlent, parlent de ce qu'ils ont vu, extrapolant peut-être sur leur propre vécu respectif.
Et puis surtout, ce qui compte, c'est de procurer beaucoup de plaisir à assister à ces épatantes aventures. Mission accomplie au delà de toute espérance !
14H30 MER, SAM ( DIM : 14H) ♦ De Sarah GABRIELLE et Joëlle LÜTHI / Mise en scène Sarah GABRIELLE
http://www.lucernaire.fr/jeune-public/3008-robinson-crusoe.html