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Levez-vous pour les bâtard.e.s

Levez-vous pour les bâtard.e.s

My name is Shakespeare. Judith Shakespeare !


Londres. 8 décembre 1660. Théâtre du Globe.
Malgré la relative libéralisation culturelle survenue à la mort de Cromwell et suite à la fin du régime puritain, malgré le maintien absolu de l'interdiction faite aux femmes de monter sur une scène de théâtre, malgré la doxa et l'inflexible morale religieuses, une comédienne va braver tout ceci et jouer sur un plateau.
Probablement pour la première fois de l'histoire du théâtre européen. Elle va oser piétiner la morale élisabéthaine.


Huit jeunes femmes, (la compagnie OKTO), une auteure-metteure en scène et sept comédiennes vont réhabiliter la mémoire de cette femme-là.

 

Une thèse veut qu'elle soit la sœur de Shakespeare, ce qu'avait déjà affirmé Virginia Woolf dans son livre « Une chambre à soi », tirée d'une conférence qu'elle avait donnée à Cambridge en 1928. (Je rappelle au passage que ce livre avait été adapté pour le théâtre par Sylviane Bernard-Gresch, adaptation montée en 2008 par Anne-Marie Lazarini au Théâtre Artistic Athévains).


Ici, les sept demoiselles vont nous faire vivre les péripéties d'une troupe de sept comédien.ne.s de théâtre drôlissimes, composée d'hommes. Ce sont des sortes de branquignols animés par la foi, la passion, le volonté de faire avancer leur cause réhabilitatrice. Car tout comme dans Le songe d'une nuit d'été, il y aura du théâtre dans le théâtre.
Ici, il est question de monter Othello, avec une vraie problématique : qui donc va pouvoir jouer Desdémone ?


Le texte de Laora Climent est aux petits oignons. Il y a dans cette pièce une vraie maîtrise et un réel style dramaturgiques, mélangeant habilement le rire et les moments plus tendus, avec des répliques qui font mouche, déclenchant souvent l'hilarité des spectateurs.
Les sept filles, presque toutes « androgynisées » par un gros gaffer noir qui compresse leur poitrine, les sept ne ménagent pas leur peine !


Toutes vêtues des mêmes pantalon et chemise noirs, elles échangent les rôles, un accessoire servant juste de repère (une robe, un petit tablier de servante...)
Une sacrée énergie, un sentiment de besoin impérieux de jouer la comédie, une justesse jamais mise en défaut se dégagent.
Elles nous attrapent dès le début et ne nous lâchent plus.


On croit en permanence à ce qu'elles nous racontent, qu'elles soient Judith, les comédiens, le metteur en scène, les duellistes aux combats joliment réglés...


Le propos « féministe », si tant est que redonner sa vraie place la première femme comédienne européenne soit un propos « féministe », alors qu'il est avant tout universel, ce propos fonctionne pleinement.


Et puis, soudain, la machine spatio-temporelle se dérègle...
Nous voici revenus au XXIème siècle.
Et plus précisément en pleine émission « Rendez-vous en terre inconnue », qui nous emmène dans une des contrées les plus sauvages de la planète, en l'occurrence... la Meurthe-et-Moselle.
Nous allons découvrir grâce à l'animateur et son invitée les derniers représentants d'une peuplade en voie de disparition. Et je ne développerai pas plus avant !
La série de scènes qui constitue cette séquence vont déclencher les fou-rires des spectateurs. J'avais les larmes aux yeux à force de rire.

On l'aura compris, ce spectacle force le respect ! C'est une totale et incontestable réussite !

Quelle belle découverte !

Qu'il est enthousiasmant de voir jouer de jeunes artistes, avec une fougue, une énergie, une envie de jouer, une complicité manifeste et un réel talent !
Des comédiennes réunies au sein d'une troupe, qui s'amusent à donner la comédie et à procurer à ceux qui sont venus les voir bonheur, plaisir et joie.


C'est exactement ça, le théâtre !

Ce spectacle sera redonné au mois de Mars.
Bien entendu, je vous en reparlerai.

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