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La revanche du Capitaine Crochet

(c) Photo Y.P. -

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Piquet de grève sur la grève !
Rien ne va plus chez les pirates qui viennent de déposer un préavis !
Ceux-ci ne veulent plus obéir à Monsieur Mouche, le second du terrible Capitaine Crochet...

 

Enfin... Terrible...
Pour l'heure, l'affreux cap'tain se trouve au fin fond des entrailles du crocodile. Mais qu'on se rassure, ce séjour à la fois stomacal et intra-saurien ne durera guère ! Nous sommes au théâtre !


Dès sa « résurrection gastrique », le redoutable manchot crochu n'aura de cesse d'attirer dans ses rets amoureux Wendy, désormais maman d'une petite Jane.
Heureusement, Peter Pan, la Fée Clochette et les enfants perdus veillent au grain...


Le proverbe a bien raison qui affirme qu'on ne change pas une équipe qui gagne.
Une équipe emmenée par les auteurs Ely Grimaldi et Igor de Chaille, qui s'étaient notamment et précédemment attelés à adapter Le livre de la jungle, adaptation toujours jouée à Paris.


Ici, ils nous proposent une suite survitaminée de l'oeuvre de J.M. Barrie.


Et bien entendu, il s'agit d'une comédie musicale, portée par huit excellents comédiens-chanteurs-danseurs mis en scène par Ned Grujic.
A son habitude, celui-ci allie rigueur et fantaisie. Sa direction d'acteurs est alerte, enlevée, et exigeante.
Et cette exigence paye.


Ce que nous donnent à voir et à entendre les huit protagonistes relève de la très belle ouvrage.
J'ai particulièrement apprécié le passage obligé du vol dans les airs.
Sans artifices à la David Copperfield, Ned Grujic nous persuade totalement que ses comédiens se trouvent à deux-cents pieds au-dessus des toits londoniens.
Une vraie cohérence, un esprit de troupe manifeste et une incroyable énergie règnent en permanence sur scène.


Tous auront droit à leur « grand air », et chacun exécute sa partition avec talent.
Les voix sont assurées, d'une irréprochable justesse. Lorsqu'il chantent en choeur, c'est une belle pâte sonore très homogène.
Pas un ne tire la couverture à soi.


Je dois l'avouer, j'ai eu une petite préférence...
Dans le rôle de Clochette, Charlotte Ruby est formidable. C'est un bonheur de la voir jouer la comédie et de l'écouter chanter.
C'est une soprano accomplie. Sa voix est ronde, chaude, avec une bien belle tessiture. Pour monter, ça monte !
Et puis, quelle comédienne, quelle vis comica !
Ses mimiques, ses airs en dessous, ses ruptures sont jubilatoires.
Ses « J'ai toujours aimé les bad boys » et « Ca va, je suis une fée, pas une sorcière ! » sont excellents de drôlerie.


La musique de Raphaël Sanchez est elle aussi très réussie, très efficace. Il faut dire que le compositeur n'en est pas à son coup d'essai. Les chansons, légères, enlevées, spirituelles sont de très belle facture.
Les chorégraphies de Julia Ledl, les combats réglés par Christophe Mie et les beaux costumes de Corinne Rossi participent eux-aussi à la réussite de ce spectacle.


Une réussite qu'évoquait d'ailleurs à la sortie de la salle une fillette s'adressant à sa mamie :

 

« Le Capitaine Crochet, il est méchant, mais il est quand même un peu gentil. C'était bien, hein, Maminou ? »

Pas mieux !

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