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Un fil à la patte

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

Qu'il est bon de les retrouver, les Lucette Gautier, Bouzin, Bois d'Enghien, Vivianne, de Chenneviette et consorts !

Tous ces personnages qu'on connaît, qu'on aime et aussi, il faut bien le dire, qu'on attend au tournant.


En effet, ces derniers temps, Jérôme Deschamps a placé la barre très haut avec sa version de la pièce feydolienne par excellence à la Comédie française.


Christophe Lidon a quant à lui choisi de transposer l'action dans les années 50.
J'en veux pour preuve l'ouverture dans un cabaret très "Moulin Rouge", et dans laquelle on voit la môme Gautier pratiquer l'effeuillage sur un piano à queue. Eclairée en contre de rouge, elle m'a furieusement fait penser à Gilda.


Elle est entourée de quatre boys en fracs, gants blancs et chaussures bicolores. (Je vous laisse découvrir ce qu'ils font de ces accessoires vestimentaires... Une jolie trouvaille.)


Le metteur en scène a choisi de s'écarter quelque peu des habituelles didascalies, nombreuses et très fournies chez le grand Georges.
Ici, Christophe Lidon s'affranchira ne nombre de traditionnelles conventions et d'indications de jeu.
Qu'importe, si l'esprit est respecté. Ici, c'est en permanence le cas.


La mécanique infernale est bien là, l'horlogerie de précision est parfaitement huilée, pas de temps morts, les portes claquent, ça roule, ça pulse !


Quelques petites « actualisations » du texte font vraiment années 50, comme par exemple le remplacement de Yvette Gilbert par Lucienne Delyle.


Une excellente idée : trois supports de projections video au lointain du plateau sont utilisés pour ouvrir l'espace.
Dans une grande précision là aussi, nous pouvons assister à des séquences muettes pré-enregistrées qui viennent « compléter » l'action, comme par exemple l'arrivée des invités en voiture d'époque chez la Baronne ou encore dans le dernier acte, les allées et venues raccord dans la cage d'escalier des visiteurs de Fernand.
Tout ceci fonctionne à la perfection et démultiplie l'espace de jeu.


Le rôle de la baronne Duverger a été confié à la tête d'affiche Catherine Jacob.
La comédienne ne quitte pas sa zone de confort, et fait ce qu'elle sait bien faire : elle nous gratifie très souvent de sa célèbre moue et de ses yeux levés au ciel.


Christelle Reboul (hier Lulu, le rôle est joué en alternance avec Noémie Elbaz) et Jean-Pierre Michaël (son nan-nan) sont excellents. Leur duo est très pêchu et fonctionne parfaitement.


Marc Fayet, confronté au redoutable rôle de Bouzin tire joliment et drôlement son épingle du jeu. (Ce rôle a tellement été merveilleusement incarné par Robert Hirsch et Christian Hecq, qu'il est difficile d'aborder ce personnage.)


Deux comédiens m'ont particulièrement enchanté.
Bernard Malaka est un irrésistible général Irrigua. Avec son accent à couper au couteau, ses silences, ses ruptures, ce sera lui qui déclenchera les plus gros rires du public. Le comédien n'est jamais dans la grosse cavalerie, il a comme une sorte de retenue, très pince-sans-rire, et pourtant il est drôlissime.

Et puis Adèle Bernier est une épatante Viviane. Elle campe à la perfection cette jeune fille à la fois ingénue et délurée. La comédienne fait ressortir très précisément les deux côtés de ce personnage souvent trop peu travaillé.

Je n'aurai garde d'oublier de tirer un coup de chapeau à Chouchane Abello-Tcherpachian pour ses très beaux costumes très années 50 eux-aussi. (Les robes de Lucette Gautier sont magnifiques.)

Aux saluts, le public applaudit à tout rompre le spectacle et bat furieusement des mains en cadence pendant la chansonnette reprise par tous les comédiens.

M. Feydeau, vous pouvez dormir tranquille, votre chef d'oeuvre est entre de bonnes mains !

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