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Adieu Ferdinand - Le casino de Namur (Les Pétrieux)

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

Connaissez-vous les Pétrieux ?
Non ?
Comment ça non ?
Félicie et Rigobert Pétrieux, « petits » paysans du plat pays namurois, dix-huit mille hectares (enfin dix-huit mille hectares, je me comprends, rapport au fisc... ) pratiquement d'un seul tenant. La betterave intensive !
Albert Pétrieux, le fils cadet, marié à Paulette, et surtout Jean-Marie Pétrieux, l'aîné, comédien-paysan-souffre-douleur de la famille car trop comédien et pas assez paysan.
Toujours pas ?

C'est pour rendre visite à ce Jean-Marie que Ferdinand est assis à la place du mort dans la voiture conduite par Bruno, un camarade acteur. Un immense acteur, mais surtout par la taille.
Au cours du voyage, Bruno l'extraverti à l'accent provençal nous apprendra une foultitude de choses plus intéressantes les unes que les autres, et notamment pourquoi les avocates membres du barreau ont une prédilection pour la sodomie.

Et nous voici arrivés dans la famille Pétrieux.

Dans ce dernier volet de cette fresque dont les premiers coups de pinceaux furent posés sur la toile scénique et dramaturgique voici pratiquement trente-trois ans, voici une occasion pour Caubère de nous livrer une réflexion sur la condition de comédien, et sur la vision de ce métier par le restant de la société.

La famille Prétiaux est par essence une micro-société qui ne comprend pas.

Qui est fascinée par les autres acteurs, ceux qui réussissent dans le métier, mais qui dénie le droit à un de ses proches d'embrasser la carrière.

Si j'ai rappelé hier les grands mérites du Caubère-auteur et conteur, je voudrais aujourd'hui insister sur le Caubère incarnant sur scène des personnages plus hauts en couleur les uns que les autres.
Ce type n'a évidemment pas son pareil pour brosser ses contemporains de façon on ne peut plus juste, plus précise, et plus drôle aussi.

En un changement d'attitude, de gestuelle, en un passage d'un accent à un autre, d'une voix à une autre, il fait plus qu'interpréter tous ses portraits : il devient cette mère possessive, ce père cultivateur assez monstrueux, ce fils attiré par les vestiaires des footballeurs, j'en passe et non des moindres...
C'est un vrai bonheur de voir ces changements à vue, sans accessoires, sans costumes, sans rien d'autre que le corps.
Le corps. Voilà bien là l'outil du comédien, son instrument de prédilection.
Le corps qui produit la voix, les onomatopées, les bruits.
Le corps qui arpente le plateau, toujours en mouvement, même assis sur une chaise différente à chaque fois.
Le corps qui contrefait l'autre, le corps qui permet de nous tendre ce miroir dans lequel nous nous interrogeons sur nous-mêmes.
Le corps qui joue. « On dirait qu'on serait un autre ! »

 

Après nous avoir rappelé pourquoi un comédien fait ce métier (je vous laisse évidemment découvrir par vous-mêmes...), Philippe Caubère bouclera la boucle de ce Roman d'un acteur au moyen d'un somptueux jeu de mots, un calembour sublime reliant le tracteur au film d'Ariane « Molière ».
Il préviendra la salle d'un air entendu : « Comprenne qui voudra, comprenne qui pourra » !

Une nouvelle fois, cet homme m'a fasciné.

Merci pour tout, Philippe-Ferdinand !
Cric-Crac !

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