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La dame de chez Maxim

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

Feydeau !
Le rythme effréné. La mécanique infernale. L'horlogerie de précision. Les portes qui claquent.
Voici quelques caractéristiques d'une bonne mise en scène feydolienne.


Johanna Boyé a très bien intégré tout ceci : elle nous propose un excellent millésime de cette Dame de chez Maxim.
Non seulement elle a mis en scène la pièce, mais elle l'a adaptée, avec sa complice Pamela Ravassard.


Ce sera donc un Feydeau musical !
Nous sommes accueillis par des artistes de cabaret, en cuir, en latex, en bustiers -presque- signés Jean-Paul Gaultier, en bas résille et autres accessoires du même acabit.
Bienvenue au Maxim's, cabaret très interlope !


Le premier tableau sera donc chanté et dansé de très belle manière par les huit comédiens, sous la houlette du compositeur Mehdi Bourayou, présent au piano et aux machines électroniques, et du chorégraphe Johan Nus.
Tout ceci fonctionne parfaitement, une fois le sentiment de surprise passé.


Autre adaptation : le nombre de personnages.
Melles Boyé et Ravassard ont procédé à de judicieuses coupes dans le texte original. Il faut dire aussi que la distribution de 1899, lors de la première, comportait... vingt-neuf comédiens-comédiennes !


Qu'on se rassure, l'essentiel est sauvegardé, et une nouvelle fois, le grand Georges, le peintre des affres du couple, peut dormir sur ses deux oreilles.


Hier, Florian Choquart était le Dr Petypon, qui rencontre la môme crevette dans le cabaret sus-nommé.
Le comédien est parfait dans ce rôle : il sait déclencher l'hilarité générale. Son débit, ses effets, ses regards, sa façon de jouer la fatalité, l'abattement, mais également la rouerie et la fausseté, tout ceci colle parfaitement.


Le deuxième rôle principal est assuré de la plus brillante des façons par Vanessa Cailhol, excellente elle aussi en demi-mondaine ultra-sexy.

Quel abattage, quelle présence, quelle drôlerie ! Sa gouaille, son accent forcé parisien sont drôlissimes et conviennent pleinement.


La comédienne chante et danse également fort bien, ce qui démontre, s'il en était encore besoin, l'étendue de son talent.
C'est elle qui va lancer la célébrissime et cultissime réplique de la pièce : « Eh ! Allez donc, c'est pas mon père ! »


Cette réplique a été développée, en constituant un running-gag du meilleur effet. Là encore, le procédé fonctionne au-delà de toute espérance, la salle éclate de rire à chaque fois.

 

Vincent Viotti est quant à lui le général Petypon du Grêlé.
Plus vieille ganache, plus vieille baderne, ça ferait trop. En treillis, avec des décorations changeantes, lui aussi déchaîne l'hilarité.
Il m'a fait penser dans ce rôle à un acteur à qui l'on ne rend pas assez hommage, Noël Roquevert.
Notamment lorsqu'il donnait la réplique à Gérard Philippe dans Fanfan la Tulipe.


Le reste de la troupe est à l'avenant. La distribution est on ne peut plus cohérente.On sent, malgré la difficulté de jouer Feydeau, un réel plaisir, une envie de s'amuser.


Les indispensables et attendues scènes du fauteuil extatique sont particulièrement réussies. Je n'en dirai pas plus.


On l'aura compris, Johanna Boyé a totalement rempli son contrat.
Elle a su faire prendre la mayonnaise feydolienne de la meilleure des façons, tout en apportant une réelle et originale contribution à l'oeuvre.
Les risques qu'elle a pris ont payé.
Pour de la belle ouvrage, c'est de la belle ouvrage !

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