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L'avare

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

Si vous êtes un familier de ce modeste site consacré à l'actualité du spectacle vivant, vous n'êtes pas sans savoir que je suis un vrai fan du travail de Jean-Philippe Daguerre.
C'est bien simple, je ne suis pas loin de penser que sa compagnie « Le grenier de Babouchka » et lui-même devraient être déclarés d'utilité publique !


Une nouvelle fois, le metteur en scène basque monte pour notre plus grand plaisir un chef-d'oeuvre de Monsieur Molière.
Une nouvelle fois, des copains se retrouvent à jouer ensemble. Après avoir monté les tréteaux, une troupe de comédiens se donne à fond.
Une nouvelle fois, nous sommes plongés non pas dans un classique, mais dans la Vie, tout « simplement ».


Ca bouge, ça pulse, ça vibre.
Les corps s'attirent, se repoussent, s'attrapent, se lâchent. On trébuche, on tombe, on se relève.
La Vie quoi !


Tout est physique, enlevé, nous sommes dans le registre de la farce, dans le burlesque, même.
Mais attention, le texte et le propos de M. Poquelin sont toujours respectés à la lettre !


Nous sommes vraiment dans un théâtre du corps plus que du cerveau.
D'ailleurs, ces corps sont souvent meurtris, on se bat, on se frappe, on tousse beaucoup, aussi.

(A propos de tousser, Jean-Philippe Daguerre n'a pas pu résister à l'envie d'insérer une scène de fouille très au corps et très jubilatoire. Il a osé, et il a très bien fait !)


Les corps encore et toujours avec une multitude d'accents, dont celui incroyable de « Monzieur Anzelme »  interprété par Grégoire Bourbier ! C'est d'un drôle !


Une nouvelle fois, sur scène, peu de décors.

Les meubles d'Harpagon sont particuliers, et dès le plein feu, nous savons à qui nous avons affaire ! La scène du miroir sur pied est excellente. Une autre vraie trouvaille !


Les costumes, comme à l'accoutumée sont splendides, dans un camaïeu très réussi de gris. Seule une touche de rouge vient parfois souligner un élément de maigre richesse.


Didier Lafaye, dans le rôle-titre, est époustouflant.
Poussé par le metteur en scène, il va jusqu'au bout, dans un registre parfois grand-guignolesque.
A la différence de certaines mises en scène (trop) intellectualisées, c'est un avare qui assume totalement son état.
Il est parfaitement conscient de sa ladrerie, il la revendique joyeusement. Il en est fier, presque.
C'est une lecture très intéressante de ce personnage.


Une trouvaille scénographique et dramaturgique impayable le concerne directement.
A certains moments, le devant de scène s'immobilise, la façade s'éteint, et au lointain, comme sur un tapis roulant horizontal, Harpagon passe et repasse armé soit d'une pelle, soit de la fameuse cassette, voire d'une lance médiévale avec laquelle il embroche un …................ . (Que la SPA se rassure... )
Le burlesque, vous dis-je !
( Si je devais chipoter, je dirais que je suis légèrement moins accro à la lecture faite du personnage de Frosine et de ses transes. Mais c'est vraiment pour chipoter...)


Le reste de la troupe a ce même niveau d'excellence.
Stéphane Dauch ce soir-là, de sa belle voix de baryton et de sa présence habituelles campait un magnifique Valère.


Le Maître-Jacques de Pierre Benoist est également très réussi. Avec cet accent digne de Maïté, il m'a fait beaucoup rire.
Les jeunes sont eux-aussi très bien, à l'image du Cléante d'Antoine Guiraud, et de la Marianne d'Armance Galpin.

Il faut noter la performance physique de Bruno Degrines, un commissaire vraiment au ras des pâquerettes !

Et non, je n'en dirai pas plus...

On l'aura compris, on ne change pas une équipe qui gagne.
Molière, le peintre des caractères humains, peut dormir en paix.
Dans ce merveilleux théâtre du Ranelagh, avec cette très fine équipe, son œuvre est une nouvelle fois entre de très bonnes mains.

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