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Mère Teresa, ombre et lumière

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

Le noir tombe au Paradis du Lucernaire, la salle située au dernier étage du théâtre.
Puis, le décor apparaît, réduit à sa plus simple expression.

Une chaise.
Un sari. Reconnaissable entre tous, blanc avec le célèbre liseré bleu, posé sur un porte manteau.
Pas besoin d'autre élément. Ce serait superflu. Le texte et la comédienne se suffiront à eux-mêmes.

Justement, la comédienne, la voici qui entre en scène.
Catherine Salviat. La plus que grande Catherine. L'immense Catherine Salviat.
Tout de suite, sans avoir besoin de parler, elle donne le ton.
Ses yeux.
Ses yeux qui pétillent, ses grands et beaux yeux on ne peut plus expressifs.

Elle va commencer à dire le texte de Joëlle Fossier.
Avec cette voix reconnaissable entre toutes, avec cette incomparable présence scénique.

Il va s'agir ici d'une sorte de « biopic théâtral » consacré à Mère Teresa.
Cette pièce fait partie d'un triptyque que Joëlle Fossier a voulu consacrer à des femmes d'exceptions : «Comtesse de Ségur née Rostopchine », qu'interpréta Bérengère Dautun, et « Inoubliable Sarah Bernhardt », bientôt incarnée par Geneviève Casile.

Ici, à la première personne du singulier, Catherine Salviat, mise en scène par Pascal Vitiello, nous raconte la vie de la désormais sainte de l'église catholique.
Son enfance, ses premiers pas en religion, la découverte de la foi, la période indienne, le doute, jusqu'à la toute fin de cette femme.

Melle Salviat va se servir pour notre plus grand bonheur de toute sa palette, et dieu sait si elle est étendue, cette palette-là !
Une nouvelle fois, elle est véritablement impressionnante.
Faut-il avoir du talent pour dire ce texte apparemment simple sans tomber dans la mièvrerie ou la caricature !

Catherine Salviat (et c'est évidemment un pléonasme) est on ne peut plus juste.
Tour à tour émouvante, drôle, en colère, éperdue d'amour pour cet homme mort à trente-trois ans, lucide, engagée, elle EST son personnage. On y croit totalement.

Mais ne nous y trompons pas.
Ici, pas question d'un aveuglement béat.
Le titre complet de la pièce est « Mère Teresa, ombre et lumière. »

Lumière, certes, mais également ombre.
L'auteure et la comédienne ne sont pas dupes.
Sont évoqués les doutes, les périodes de renoncement de la religieuse, mais également les critiques de ses détracteurs.
Il n'est pour s'en convaincre, de ces critiques, que de consulter la page Wikipedia de Mère Teresa.
Dans ce spectacle, c'est subtilement qu'elles vont être dites, ces critiques.

Bien entendu, comme c'est elle qui parle, la Prix Nobel de la Paix justifie son rapport à l'argent, sa fascination pour la mort, le manque d'hygiène de certains de ses dispensaires... (On aurait pu poursuivre avec son rapport à l'avortement.)

C'est donc à nous autres, spectateurs, de nous forger notre propre opinion.
Melles Fossier et Salviat nous laissent notre libre-arbitre.
Et c'est très bien comme ça !

L'Inde, Calcutta et son extrême misère nous sont dépeints.
La description qu'en fait la comédienne est précise et sans concession.
Elle est aidée en cela par les magnifiques photographies de Bruno Baccheschi, projetées de face sur le rideau blanc de fond de scène. (Ce qui procure l'effet saisissant faisant en sorte que la comédienne est incluse dans ces photos...)

La pièce est également porteuse de vrais problèmes sociétaux, la place des femmes dans nos sociétés, le rapport de domination homme-femme...
Le passage entre Mère Teresa et son supérieur est jubilatoire...

On l'aura compris, le Lucernaire a eu l'excellente idée de programmer pour cette rentrée ce spectacle qui fut créé à l'Artistic théâtre.

C'est une soirée intense en émotions qui nous est proposée.
Une rencontre entre un vrai personnage, un beau texte et une merveilleuse comédienne.
L'un de ces trop rares moments qui ne peuvent vous laisser indifférent.

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Demain, je publierai l'interview webradio que m'a accordée Catherine Salviat au sortir de la représentation.
A suivre...

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