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Hôtel Feydeau

(c) Photo Y.P. -

(c) Photo Y.P. -

Un malaise.
Cet hôtel Feydeau m'a procuré comme une sorte de malaise.


Pourquoi saucissonner ainsi cet auteur majeur ?
Lavaudant "s'amuserait-il" à découper en tranches Molière, Shakespeare ou Tchékov ?


Ici, ce qui pêche, c'est selon moi l'amalgame de scènes mises bout-à-bout.
On ne peut plus parler de mécanique de l'intrigue...

La mécanique feydolienne se retrouve en permanence interrompue.

On passe en permanence à autre chose.


A tel point que je me suis surpris à parier sur les moments où l'on changerait de scène...
Je n'étais vraiment pas dedans...

 

Alors bien entendu, le metteur en scène nous dit avoir voulu mettre en avant le "dernier" Feydeau, plus sombre, plus vachard, plus désespéré...
Soit...
Il est d'ailleurs plaisant de constater que dans le livret-programme, est oubliée une pièce : on parle de quatre pièces alors que cinq ont servi à ce saucissonnage.
Acte manqué ?

 

Pourtant, tout avait bien commencé..

 

Un décor très feydolien stylisé, immaculé, sur lequel tout peut être joué attend le public.
Les traditionnelles trois portes à jardin, cour,  et au lointain, les deux cheminées, les deux lustres, les bouquets de fleurs blanches elles aussi sur leur console.

Sans oublier neuf chaises aux couleurs....
Comment dire....
On se croirait dans une boutique de macarons Ladurée.
(Je précise que ce papier n'est pas sponsorisé...)

De jolies couleurs flashy qui seront accentuées par des éclairages eux aussi du même registre.

Les comédiens entrent sur scène.


Comme le metteur en scène a situé les différentes actions dans un hôtel, nous avons droit à une version du pauvre de la série "Palace" de Jean-Michel Ribes diffusée sur "Canal + historique".
Des soubrettes, des garçons, un groom esquissent quelques pas de danse. (Le procédé sera repris pour changer de scène, avec des projections-gobos mobiles. )


Et le découpage en tranches commence.


Tout de suite, j'ai senti les comédiens mal à l'aise.
Et pourtant, ce sont des pointures.
Mal à l'aise car ils sont forcément bridés, l'intrigue étant à chaque fois stoppée net.


Par deux fois même, deux scènes d'une même pièce sont données entrelardées d'autres...
Comme si, lors d'un voyage en train, on était plusieurs fois aiguillés sans raison aucune sur d'autres voies pour revenir ensuite dans la même direction.


Mais il faut être juste.
Les acteurs nous procurent de vrais bons moments.


Faire entrer André Marcon en perruque Louis XIV est une belle idée. Son Chouilloux est aussi très intéressant.


Manuel Le Lièvre en Toto, puis en Ventroux, puis en Toudoux, excelle.
(Je gagerais bien que Lavaudant lui a demandé par moments de jouer comme Christian Hecq, de la Comédie française... Nous appellerons çà un hommage...)


Les filles ne sont pas en reste.
Astrid Bas, en magnifique nuisette longue couleur pamplemousse, Grâce Séri en bigoudis, Lou Chauvin avec son faux ventre de huit mois, et Tatiana Spivakova en jolie robe de chambre, toutes sont épatantes.


Tous les comédiens essaient d'assurer du mieux qu'ils peuvent pour tenter de donner une unité à tout ça.
Tous font admirablement ce qu'on leur a demandé, mais tous m'ont semblé empêtrés là-dedans...


Il m'a fallu attendre la toute dernière scène pour rire vraiment...
Et pourtant, je suis bon public...

La subversion propre à Feydeau n'est pas là...

Un dernier signe qui ne trompe pas : au moment du salut, on ne sentira pas un grand enthousiasme de la part des acteurs...

M. Lavaudant, je vous en prie, montez un Feydeau dans son intégralité, ou bien organisez un festival où vous donnerez les cinq pièces : le grand Georges mérite mieux que quelques étages d'un hôtel.
Je compte sur vous.

Hôtel Feydeau
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